Sous pavillon de complaisance

reviso_bis-1-44cfe

Bref survol des thèses révisionnistes

Introduction

Le recueil de lettres personnelles, glanées au fil du temps, que j’édite n’a pas pour objectif de présenter la énième étude, plus ou moins exhaustive et inédite, de l’antisémitisme, en particulier de celui qui apparaît sous divers pavillons de complaisance à prétention révolutionnaire.

De telles études, d’autres individus les ont effectuées de façon bien plus approfondie que moi. J’y fais d’ailleurs référence dans les lettres. Je voudrais juste souligner ici l’influence bénéfique qu’a eue sur moi N, qui séjournait alors en Angleterre, auquel je fais allusion dans l’une des lettres envoyées de Londres à Nantes à l’aube des années 1980. Originaire d’Europe centrale, apatride après la prise du pouvoir par Hitler, il n’était pas juif. Ce qui ne l’empêcha pas d’avoir pas mal de relations et même d’activités au sein du Yiddishland révolutionnaire, jusqu’à la fin des années 1930. La connaissance qu’il en avait acquise était, pour moi, sans pareille. Elle m’a permis, alors que j’étais néophyte en la matière, de comprendre ce qui se cachait derrière le prétendu antisémitisme révolutionnaire.

Mes lettres ont déjà circulé de la main à la main. Elles concernent essentiellement le rôle qu’a joué, et que continue encore en partie à jouer, le bordiguisme dans la défense du révisionnisme larvé au sein du microcosme ultragauche. Défense que l’on détecte jusque dans des textes assez récents de Dauvé et d’ex-rédacteurs de La Banquise, tels que Le Fichisme ne passera pas, présenté encore récemment de façon élogieuse sur divers sites communisateurs, en France et ailleurs. Malgré leur caractère partiel, je pense donc que ces lettres méritent d’être diffusées plus largement, vu la situation actuelle en France, où l’antisémitisme, y compris à l’occasion sous pavillon noir, remonte à la surface, parfois sous prétexte de stigmatiser le sionisme en général, et l’Etat sioniste en particulier. Envers lesquels nous ne pouvons pas avoir, bien entendu, la moindre complaisance. Evidemment, cette modeste publication ne dispensera pas ceux et celles qui veulent approfondir la critique de mettre la main à la pâte, déjà pour ne pas se retrouver dans la position de claque turbulente, mais de claque quand même, des apôtres de la démocratie.

André Dréan.

JPEG - 804.4 ko
Telecharger la brochure


 1

Cher S, tu m’avais demandé de te donner des nouvelles de la dernière rencontre avec les gens qui publient Guerre de classe, à Paris, à la suite de la revue Jeune Taupe, publiée par le PIC. Comme je ne suis pas passé par Nantes avant d’aller à Londres, je t’envoie cette brève relation, à communiquer à tous nos amis de Basse Loire qui ont encore quelques hésitations à les traiter comme des ennemis, passés avec armes et bagages à la contre-révolution.

Je peux déjà te dire que, pour moi, ce sera la première et la dernière rencontre avec les rédacteurs de Guerre de classe. Je t’avais déjà fait part de mes réticences à les voir, vu leur tendance à reprendre et à diffuser les thèmes, pour le moins ambigus, de Faurisson, sur l’inexistence des chambres à gaz, etc. Faurisson, pour qui sait le lire, n’est rien d’autre que l’un des statisticiens de la terreur d’Etat qui, depuis la fin de la deuxième boucherie mondiale, tentent de blanchir le nazisme en niant ses spécificités. D’où l’importance qu’il accorde à « démontrer », règle à calcul en main, que l’extermination des juifs d’Europe n’est que l’un des massacres qui émaillent le théâtre de la guerre. Bref, la soirée a été encore pire que ce à quoi je m’attendais. Ce qui a dissipé les quelques illusions que nous pouvions encore avoir sur la possibilité de ramener les « camarades » sur la bonne voie. En réalité, nous avons eu affaire à de l’antisémitisme aux couleurs du « communisme » à la mode bordiguiste.

Tu sais que l’article de Bordiga, Auschwitz ou le grand alibi, paru dans les années 1960, dans Bataille communiste en Italie, ramène la question des camps d’extermination nazis à la dimension de camps de travail sous prétexte de critiquer l’un des mythes fondateurs de la démocratie d’Etat moderne, à savoir le caractère étranger au monde « civilisé » de la « barbarie nazie ». Bordiga n’était pas antisémite mais, en fonction de son idéologie économiciste, il chercha à expliquer la totalité de la structure sociale et étatique, y compris ses côtés nazis, par l’économie et rien que l’économie. Pour le bordiguisme, qui caricature à l’extrême le marxisme, l’économie est saisie non seulement comme la base, mais encore comme la grande machine automatique animant l’évolution du monde, passé, présente et future. De ce point de vue, Bordiga est même très en retrait sur le Reich de La Psychologie de masse du fascisme, par exemple, qui montre comment le peuple allemand déboussolé cherche des chefs pour le guider et des boucs émissaires vers qui diriger la révolte impuissante qu’il est incapable de transformer en combat contre le capitalisme et l’Etat qui l’écrasent. Pour Bordiga, comme il l’a exprimé dans pas mal de lettres au cours des années 1950 et 1960, l’antisémitisme en Allemagne doit donc être considéré comme quelque chose d’annexe, à ramener à la dimension de survivances du passé médiéval en cours de disparition. Passé porté par des couches sociales archaïques qui, telles que les artisans, peuvent renâcler contre les bourgeois modernes, ceux qui détiennent les rênes de l’économie et de l’Etat, mais couches qui n’en sont pas moins éliminées au cours de l’accumulation du capital. Bordiga est encore plus déterministe que Marx, mais il est vrai que Engels lui-même, à la fin du XIXe siècle, présenta ainsi l’antisémitisme en Allemagne et attendait donc de l’évolution du capitalisme moderne qu’il en sape les bases. L’histoire réelle, là comme ailleurs, a prouvé l’inanité du déterminisme économiciste auquel pas mal de personnes, du côté des idéologues de l’ultra-gauchisme en Europe, tiennent comme à la prunelle de leurs yeux.

Les limites bornées de l’idéologie bordiguiste ont été utilisées par les réviseurs de l’histoire du nazisme, Pierre Guillaume et les rédacteurs de La Guerre sociale en tête, pour donner des couleurs « communistes » à leur opération bidon de déstabilisation idéologique de la démocratie, laquelle a tourné peu à peu à la réhabilitation du nazisme, leur goût du scandale ayant fait le reste : de l’idée démente de blanchir Pol Pot pour scandaliser les idéologues de la République jusqu’à celle, crapuleuse, de faire tomber la prétendue « clé de voûte » de l’Etat vainqueur de la Seconde Guerre mondiale en niant la réalité des camps, les « idées » de merde n’ont vraiment pas manqué dans ce milieu en pleine décomposition. Comme pas mal de personnes, telles que Dauvé et la plupart de celles qui participent à La Banquise et qui ne sont pas antisémites, reproduisent peu ou prou les limites du bordiguisme, elles sont incapables de combattre jusqu’aux plus ultimes conséquences les révisionnistes parce que cela les obligerait à rejeter leur propre réductionnisme marxiste. De là leur hésitation à rompre de front avec ceux-là même qu’ils critiquent en coulisses. C’est clair chez Dauvé.

Bref, nous étions allé à la rencontre proposée par Guerre de classe avec l’intention de discuter, entre autres choses, des délires de Pierre Guillaume et consorts, mais pas seulement, évidemment. Je comptais m’en prendre au bordiguisme. Je devais avoir encore moi-même quelques illusions sur les « camarades ». Nous sommes tombés sur des individus des deux sexes, obsédés par la question juive, au point que même la question des chambres à gaz est passée à l’arrière-plan. Sans même parler du reste. En guise de critique du monde, on nous a présenté, enrobée dans de la phraséologie néobordiguiste, la énième version du complot juif sur le monde et de véritables justifications de l’antisémitisme à l’Est de l’Europe depuis l’époque de la Révolution française. D’après les rédacteurs de Guerre de classe, dans la société médiévale encore basée sur les communautés à dimensions humaines, les juifs auraient représenté le capital financier, joué le rôle d’usuriers et d’intendants au services des nobles contre les paysans, etc. Donc, à l’Est, il y aurait eu de « l’antisémitisme révolutionnaire ». Je te passe les détails, tu peux les imaginer toi-même et ils ont déjà été rabâchés à l’envi par tous les idéologues de l’antisémitisme, à commencer par Maurras dans L’Action française. Nous avons bien tenté de rappeler le rôle des révolutionnaires d’origine juive dans l’organisation de la classe prolétarienne à l’Est, en particulier en Pologne, via le Bund et les syndicats de classe au XIXe siècle qui mobilisaient beaucoup de prolétaires juifs – l’une des sources de l’antisémitisme à l’Est est là –, rien n’y a fait. Les rédacteurs en revenaient au « rôle des juifs comme classe du capital »… En fin de soirée, le summun a été atteint quand l’un d’entre eux a prétendu que Le Protocole des sages de Sion, le célèbre faux antisémite écrit par l’Okhrana, la police politique de Nicolas II de Russie, pour justifier les pogroms, était peut-être véridique ! Passablement éméchés, nous sommes partis avant de saccager la baraque. Des gens pareils sont vraiment passés de l’autre côté de la barricade. Ils doivent désormais être traités pour ce qu’ils sont : de vulgaires antisémites.

Printemps 1983.


 2

Cher G., dans ton dernier courrier, tu affirmes que, malgré les côtés ultradéterministes de Bordiga, manifestes dans Auschwitz ou le grand alibi, nous ne pouvons pas lui attribuer la paternité des thèses insoutenables qui fleurissent dans la nébuleuse des microgroupes ultragauches en France.

Je passerai déjà sur le fait que le phénomène révisionniste aux couleurs « révolutionnaires » est loin d’être limité à l’Hexagone et rencontre des échos ailleurs en Europe. De plus, à Londres, N m’a signalé, à juste titre, que Bordiga brode, mine de rien, sur le canevas des juifs comme prétendue classe du capital. Dans Auschwitz ou le grand alibi, il n’hésite pas à affirmer que « du fait de leur histoire antérieure, les juifs sont aujourd’hui essentiellement dans la moyenne et la petite bourgeoisie. Or, cette classe est condamnée par l’avance irrésistible de la concentration du capital. C’est ce qui explique qu’elle soit à la source de l’antisémitisme. » Et d’en appeler aux mannes d’Engels pour justifier sa position sur le pourquoi de l’extermination des juifs d’Europe. Je ne sais pas si Bordiga a trempé dans l’antisémitisme, sous des formes socialistes comme ce fut parfois le cas dans l’ancien mouvement de classe. En tout cas, sa prise de position dans Auschwitz ou le grand alibi relève, pour moi, de la forfaiture et il utilise sans complexe, dans la question juive, la colle et les ciseaux pour faire coïncider des lambeaux de citations d’Engels avec ses idées préconçues. Comme tu le sais sans doute, Bordiga passa son temps, dans la majorité de ses ouvrages, à jouer le rôle de gardien du temple marxiste, et à gratter et regratter les œuvres de Marx et d’Engels, afin d’y découvrir « l’invariance du programme communiste » et de la révéler au monde. Mais, étrangement, ici, l’invariance tourne à la géométrie variable et, d’Engels, il ne mentionne que ce qui l’arrange.

Chez les pères fondateurs, dans le domaine qui nous préoccupe ici comme dans bien d’autres, les prises de position évoluèrent, parfois en pire, parfois en mieux. A l’époque des révolutions de 1848, Engels partage, à propos de la « communauté juive », la position de Marx qui la définit comme communauté du capital et, à ce titre, objet de la haine des autres communautés médiévales en cours de désagrégation sous les coups du capitalisme. Dans La Question juive, Marx reprend à son compte les préjugés chrétiens : « L’émancipation juive a consisté à se rendre maître du marché financier et grâce au juif, l’argent est devenu puissance mondiale. » Mais, dans les années 1890, Engels avait déjà changé de position et, là, Bordiga fait preuve d’amnésie pour le moins troublante. Dans la réponse à Ehrenfreund, social-démocrate autrichien, qui souligne que l’antisémitisme en Europe centrale prend de l’ampleur et revêt même l’aspect de la lutte contre le capitalisme, Engels affirme : « L’antisémitisme falsifie le véritable état des choses. Il ne connaît même pas ces juifs contre lesquels il vocifère. Sinon il saurait qu’ici, en Angleterre, et en Amérique, grâce aux antisémites d’Europe orientale, et en Turquie, grâce à l’Inquisition espagnole, il y a des milliers et des milliers de prolétaires juifs, et que ce sont précisément eux qui subissent l’exploitation la plus féroce et qui connaissent l’existence la plus misérable. Chez nous, ici, en Angleterre, il y a eu trois grèves importantes de travailleurs juifs. Comment peut-on donc parler de l’antisémitisme comme moyen de lutte contre le capital ? (…) Beaucoup de nos meilleurs révolutionnaires sont des juifs. Comme mon ami Victor Adler, qui paie actuellement son dévouement à la cause du prolétariat de l’incarcération dans les geôles viennoises. »

En réalité, l’idée de la communauté juive comme communauté du capital n’est rien d’autre que l’un des préjugés du capital justement, ladite communauté étant, depuis belle lurette, traversée et plus qu’ébranlée par les antagonismes de classe. Des juifs, on en retrouve, au moins depuis l’époque des révolutions bourgeoises, à tous les échelons de la pyramide sociale et le mythe de la communauté n’est plus que le fond de commerce idéologique commun des sionistes et des antisémites. Les premiers la porte aux nues, en spéculant sur l’extermination des juifs par les nazis, comme manifestation de « l’esprit du peuple élu de Dieu ». C’est bien pratique pour l’Etat d’Israël. Les seconds la stigmatisent comme le vecteur privilégié du « capital cosmopolite », et, parfois, de la « révolution cosmopolite ». Voir l’image du « bolchevik juif sans patrie » propagée par les fascistes. C’est bien utile pour détourner l’attention des prolétaires d’Europe et d’ailleurs vers des boucs émissaires imaginaires. Avant même l’affaire Dreyfus, Le Socialiste, le journal de Guesde, soulignait : « Il s’agit de sauver l’exploitation capitaliste en amusant les travailleurs avec les “youtres” comme on dit, devenus des boucs émissaires. Quel répit pour la société actuelle si, au lieu de se poursuivre entre possédés et possédants pour l’expropriation de ces derniers, la lutte pouvait être déplacée, limitée entre “sans prépuce” et “avec prépuce”. » Comme tu le vois, l’histoire de « l’antisémitisme révolutionnaire » n’est vraiment pas nouvelle, sauf pour ceux qui n’ont rien appris ou tout oublié.

Aux lendemains de la Commune de Paris, l’internationaliste allemand Bebel écrivait, de sa prison : « L’antisémitisme, c’est le socialisme des imbéciles. » Lorsque je vois le degré de crétinisme et de suffisance atteint par les milieux « révolutionnaires » crypto-bordiguistes, parfois épaulés par des situationnismes, particulièrement à Paris dans l’entourage de Pierre Guillaume, qui en sont au point d’ergoter sur le nombre de robinets à gaz dans les camps, de faire des plaisanteries fines sur les « prépuces coupés », de tenir salon, parfois, avec des idéologues fascistes notoires, etc., j’ai bien envie d’écrire : « L’antisémitisme, c’est le socialisme des sales cons issus de Mai 68 qui n’ont plus de révolutionnaires que le nom. » Le minimum que nous puissions faire, c’est de les isoler et de les combattre pour ce qu’ils sont.

Eté 1983.


 3

Bonjour T, à Montréal, nous avons eu l’occasion d’aborder de vive voix, et de façon vive, l’affaire du négationnisme qui a secoué au cours des années, au Québec et ailleurs, les cercles « révolutionnaires » d’obédience marxiste. Je comprends que la discussion t’ait agacé. Car il est pénible de s’entendre rappeler que, dans le milieu regroupé autour de la revue La Sociale, à Montréal, il y a eu, dans la foulée de l’affaire Faurisson, du recyclage des thèses révisionnistes relatives à la négation de la spécificité de l’extermination des juifs par le nazisme. Cela au nom, comme à l’ordinaire dans le milieu de l’ultragauche qui hérite peu ou prou des thèses bordiguistes, de la critique de la démocratie.

D’après toi, la discussion est désormais sans objet dans la mesure où la grande majorité des protagonistes issus dudit milieu, à l’exception de la minorité passée avec armes et bagage au fascisme, à la suite de Guillaume, ne nie plus l’existence des chambres à gaz. L’acceptation très tardive de la chose, dans la seconde moitié des années 1990, par les prétendus prophètes de la critique « révolutionnaire » du monde, suffirait donc à tourner la page du révisionnisme aux couleurs de l’ultragauche néobordiguiste. Celui-ci découlerait de quelque erreur d’analyse contingente, indépendante ou presque de la conception de l’histoire qui lui a permis de proliférer sous des couleurs « révolutionnaires ». Laquelle pourrait ressortir, pour l’essentiel, pure et immaculée du bain de merde faurissonien. A titre d’illustration de ta thèse, tu m’as conseillé de lire l’article L’ultra-gauche, le négationnisme, et le démocratisme radical, de Théorie communiste, comme modèle d’analyse marxiste de l’extermination des juifs par les nazis.

Je me suis donc plongé dans l’article en question et j’en suis ressorti atterré. Atterré par l’incroyable mauvaise foi dont fait montre l’auteur dans sa volonté acharnée de défendre contre l’évidence même les bases de la doxa néobordiguiste. Bien entendu, il est devenu impossible de nier la réalité des camps d’extermination et de les réduire à la dimension de camps de travail forcé, sous peine de rejoindre le marécage nazi dans lequel patauge avec délice Guillaume et d’ex-groupies de la librairie La Vieille Taupe. A la négation pure et simple des chambres à gaz succède donc leur reconnaissance forcée, à condition de la faire entrer aux forceps dans le cadre conceptuel d’origine, manufacturé par Bordiga et adapté aux conditions de la nouvelle époque. L’essentiel, pour les idéologues en question, c’est que le corps de doctrine qui, à leurs yeux, constitue la clé de voûte de leur rôle de « révolutionnaires », reste hors de portée de la critique, comme cela a été signalé à de multiples reprises.

Pourtant, les conséquences de la défense de la doxa sont inévitables et même prévisibles, dès que l’on tient compte de l’histoire du révisionnisme au sein du milieu « révolutionnaire ». Nier qu’il soit nécessaire de faire éclater le cadre conceptuel hérité de Marx, via Bordiga, pour comprendre le négationnisme amène d’emblée l’auteur de l’article de Théorie communiste à nier la nature de ce dernier. A prétendre qu’il relève de « l’erreur historique » et même « théorique » alors que l’histoire réelle montre à l’envi qu’il participe à la banalisation du nazisme en niant ses particularités comme mode de domination. Et donc à considérer, mine de rien, comme des révolutionnaires quelque peu égarés ceux qui, comme d’ex-membres de La Guerre sociale, tiennent encore salon avec des fascistes notoires, pour ergoter sur le nombre de juifs exterminés, alors qu’ils sont passés, avec armes et bagages, du côté de la domination.

L’article de Théorie communiste affirme que « l’extermination des juifs fut une nécessité fonctionnelle pour l’Allemagne nazie dans sa guerre à l’Est, décision étendue alors à toutes les zones occupées », ce qui revient à dire, à la suite des révisionnistes, que la liquidation des juifs relève, comme le parcage, voire la liquidation d’autres populations par le capital au cours de l’histoire, de la catégorie de moyen nécessité par la réalisation de quelque but économique et étatique. En d’autres termes, l’holocauste était la conséquence de la guerre. Mais c’est la thèse même de la dénégation ! La guerre a bien entendu facilité la réalisation de la solution finale, mais elle n’en est pas la cause. L’holocauste était même, par la mobilisation des militaires et des forces qu’il impliquait, devenu antagonique avec la poursuite de la guerre à l’Est, surtout après Stalingrad. C’est pourquoi bon nombre de maréchaux d’Hitler y étaient opposés, à partir de 1943, alors que les plus nihilistes des nazis continuaient à détourner des trains militaires pour alimenter les chambres à gaz. Chose bien connue, passée sous silence par les révisionnistes qui tentaient de ramener les camps d’extermination à la dimension exclusive de camps de travail forcé militarisés à l’extrême. Guillaume et les groupies de La Vieille Taupe, dans les années 1970, n’affirmaient rien d’autre et toutes les critiques qui pouvaient être opposées à leur vulgaire fonctionnalisme en la matière étaient repoussées au nom de la défense du « matérialisme » contre « l’idéalisme » présumé de leurs détracteurs. Ici, Théorie communiste ne fait que reprendre à son compte, défense du rôle d’idéologue marxiste oblige, le fonctionnalisme initial des néobordiguistes de La Vieille Taupe sans vouloir en partager les conséquences, en particulier en matière de négationnisme.

La suite de l’article de Théorie communiste le prouve à l’évidence : « Que le capital dans l’achèvement de son passage en domination réelle, durant la Deuxième Guerre mondiale, dans son aire centre et est-européenne ait produit l’élimination des juifs n’a rien d’inexplicable pour toute analyse critique du mode de production capitaliste : achèvement de la formation des Etats-nations ; élimination des allégeances intermédiaires à des communautés particulières face à la communauté abstraite du citoyen ; universalisation de l’individu de la société civile dans son rapport à l’Etat ; élimination d’un prolétariat rétif et organisé en partie sur cette particularisation communautaire ; concurrence à l’intérieur de la petite bourgeoisie, élimination de la particularisation de la circulation du capital argent… Tout cela s’organisant en un racisme d’Etat. » Dans l’analyse de l’holocauste en termes de classes, d’évolution du capital et de l’Etat, il y a des données réelles quoique partielles, mais l’analyse réductionniste de Théorie communiste n’épuise pas la question de l’antisémitisme, poussé au paroxysme lors de l’extermination. La revue, en réalité, brode sur le thème favori de Auschwitz ou le grand alibi, la bible des bordiguistes et néobordiguistes en la matière. Par exemple, en quoi « l’élimination des allégeances intermédiaires à des communautés particulières » au nom de la « communauté abstraite du citoyen » est-elle l’une des causes de l’extermination ? Elle aurait pu, au contraire, conduire à l’intégration des juifs à l’Etat-nation, ce qui fut d’ailleurs la tendance, en partie réalisée, même en Allemagne, à l’époque de l’unification de l’Empire par Bismarck.

Je pourrais continuer longtemps. Mais, pour l’essentiel, la critique de l’idéologie réductionniste qui est à la base des positions de Théorie communiste a déjà été faite de nombreuses fois. Il est donc évident que les principaux gourous de la revue rejettent dans les limbes de l’histoire des textes aussi argumentés que ceux de Lavacquerie, Libertaires et ultra-gauche contre le négationnisme, et même la prise de position collective moins argumentée présentée dans Les ennemis de nos ennemis…, vu que de tels textes critiquent la doxa marxiste néobordiguiste. Les ouvrages ici cités sont d’ailleurs caricaturés, comme le fait toujours Théorie communiste dès qu’il est question de polémique.

Pour finir, il est clair que la reprise de nos relations dépendra en grande partie de ta prise de position claire et nette sur ces questions d’importance, d’autant plus que beaucoup d’eau sale est passée sous les ponts du révisionnisme, depuis plus de vingt ans. A bientôt, peut-être.

Hiver 2001.


 4

Cher P, je pense que nous n’aurons pas l’opportunité de nous rencontrer à Brighton avant ton voyage. Aussi mieux vaut t’écrire pour faire le point sur les discussions que nous avons eues lors de mon précédent séjour en Angleterre. J’espère que j’ai réussi à te convaincre de ne pas traduire et éditer en anglais Le fichisme ne passera pas de Dauvé et d’autres beaux parleurs issus de La Banquise, que je considère comme le modèle même de défense jésuitique du révisionniste. Mais, dans le cas contraire, je n’hésiterais pas à prendre position avec la dernière des rigueurs.

D’après toi, les auteurs du Fichisme auraient raison de s’en prendre au démocratisme, véritable clé de voûte de l’Etat moderne, qui utilise, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le nazisme comme repoussoir. Et tu ne vois pas pourquoi je suis si hostile à Bordiga. Pourtant, à la fin des années 1970, c’est bien par le biais du réductionnisme bordiguiste, qui permettait de douter, voire de nier, la réalité des chambres à gaz, que la réhabilitation du nazisme a pu être présentée de façon acceptable, y compris dans le milieu révolutionnaire. Dans les quelques rencontres organisées par La Banquise auxquelles j’ai assisté, Dauvé assimilait déjà n’importe quelle critique de l’antidémocratisme bordiguiste, même la plus fondée, à la défense de l’Etat démocratique. Les rédacteurs du Fichisme effectuent le même amalgame et ont l’incroyable culot de présenter tous leurs adversaires comme des apologistes de l’Etat démocratique. Or, chez Bordiga, la critique de la démocratie reposait en réalité sur l’apologie de la dictature du Parti. Il n’a jamais vraiment compris que les individus, exploités et écrasés par le capital, pouvaient créer des formes d’association qui leur soient propres, qui expriment leur désir de subvertir l’Etat et de conquérir leur liberté, en détruisant les médiations et les représentations qui fondent la domination moderne. D’ailleurs, pour lui, parler de liberté, c’est en rester au niveau des révolutions bourgeoises.

Prétendue fraction avancée de la classe prolétarienne, le Parti est censé, dans l’optique bordiguiste, la représenter et l’organiser en fonction des objectifs révolutionnaires qu’il formule pour elle. En d’autres termes, les prolétaires peuvent donner forme à leur révolte élémentaire contre le capital, mais c’est le Parti qui leur apporte le véritable contenu à réaliser, à savoir « le programme communiste ». Pendant les périodes de contre-révolution, le Parti se borne à jouer au veilleur de nuit, au dépositaire de « l’invariance » du programme dans l’attente du retour de l’aurore prolétarienne. Cette conception de « l’organisation de classe » sous la forme de la dictature du Parti n’est même pas propre à Bordiga. Il recycle pour l’essentiel les conceptions chères à Lénine, que celui-ci exposa méthodiquement à la veille de la révolution russe de 1905 dans des textes comme Que Faire ?, la Bible de tous les leaders de l’Internationale communiste. Il est à peine besoin de démontrer le caractère profondément religieux du bordiguisme en la matière, le Parti étant placé dans la position du Démiurge de l’histoire universelle dont la tâche est d’animer le Golem prolétarien. Ce qui prêterait à rire si la mystique du Parti n’avait pas déjà servi à justifier les pires infamies, à commencer par la défense de la hiérarchie issue de la défaite de la révolution russe. Bordiga, lors de l’insurrection de Cronstadt en 1921, prit position contre les conseils de marins insurgés et soutint le Parti russe lorsqu’il les écrasa au nom de la « défense de l’Etat prolétarien ».

Par contre, ce qui peut faire encore illusion, c’est sa condamnation du formalisme organisationnel du communisme des conseils. Les conseillistes attribuaient, et attribuent toujours, aux conseils des prolétaires des vertus quasi magiques comme si la forme elle-même pouvait être la garantie de la radicalité du contenu. D’où leur discours incantatoire sur l’impérieuse nécessité de réaliser la véritable démocratie dans des assemblées souveraines, alors même que la souveraineté a toujours été la représentation placée au-dessus des individus à laquelle ils doivent allégeance sous forme de loi et qui sanctionne le pouvoir que l’institution hiérarchique exerce sur eux. Même Pannekoek, l’un des meilleurs représentants du conseillisme, affirma parfois que c’est la forme, l’assemblée souveraine, qui donne son sens au contenu et qu’elle constitue la condition préalable à l’action révolutionnaire. Par la suite, ses héritiers poussèrent le fétichisme démocratique à de telles extrémités qu’il devint l’un des principaux freins aux initiatives individuelles et collectives. C’est pourquoi la formule de Bordiga : « La révolution n’est pas question de forme, mais de contenu » a pu plaire à des révoltés qui ne supportaient plus le cérémonial conseilliste, source d’inertie. Mais, derrière l’antidémocratisme, ils ne voyaient pas grandir l’ombre menaçante de la dictature du Parti.

La polémique sur la souveraineté des assemblées et le rôle du Parti a rebondi au lendemain de Mai 1968, dans la mesure où bon nombre de révoltés tentaient, dans les usines et ailleurs, de créer leurs propres formes d’association, hostiles aux institutions syndicales et aux partis qui, Parti communiste en tête, tentaient de les faire rentrer dans le rang. Le bordiguisme pur et dur ne pouvait guère enthousiasmer les minorités radicales de l’époque. Seules des sectes grotesques, comme la rédaction de Programme communiste en France, continuèrent, en vrais fanatiques, à défendre mordicus la parole du prophète et à tenter de réchauffer le cadavre. Mais tous les autres, y compris Dauvé, abandonnèrent bon gré, mal gré, la référence au rôle de direction du Parti. A défaut de pouvoir organiser des partis formels à la mode d’antan, il restait donc à ces orphelins à jouer la partition plus informelle du parti historique – la formule est de Bordiga. Là, la prétendue fraction avancée, qui a rétréci à l’image de la peau de chagrin de Balzac, a pour fonction essentielle de fournir les raisons théoriques à la classe porteuse du communisme pratique. Mais, même ainsi limité à des cénacles de doctrinaires, l’autoritarisme inhérent à l’esprit de parti n’en demeurait pas moins insupportable. En ce sens, malgré quelques tentatives de critiques pertinentes, La Banquise en fut l’un des meilleurs exemples.

Dauvé et Cie n’ont jamais vraiment rompu avec le fétichisme programmatique à la Bordiga, qui fut l’une des clés de voûte de la librairie La Vieille Taupe, dès le milieu des années 1960, et que partagea en grande partie La Banquise. Voilà pourquoi ils ne supportent pas, pas plus aujourd’hui qu’hier, que l’on critique les bases mêmes de l’idéologie bordiguiste. Au maximum, Dauvé reconnaît du bout des lèvres, dans Bilan et contre-bilan, publié en 1996, que des textes bordiguistes aussi réductionnistes et ambigus sur la question juive que Auschwitz ou le grand alibi soient « bornés ». Mais il « oublie » que cet article, paru dans Bataille communiste il y a presque cinquante ans, fait la part belle au préjugé selon lequel les « juifs sont membres de la petite et moyenne bourgeoisie », chose bien connue de tous les antisémites de comptoir. Pour le reste, il prétend que La Banquise a toujours eu raison sur l’essentiel. Il lui est en effet impossible de reconnaître qu’elle a pu perdre la tête face à des situations non programmées par Bordiga et ses successeurs – au point de mettre en doute l’existence des chambres à gaz –, sans accepter l’inacceptable : la remise en cause de son rôle d’interprète privilégié de l’histoire révolutionnaire. Par suite, ceux qui osent encore soulever de tels lièvres ne peuvent être que des apologistes du capital et l’Etat ! Des procureurs de la République façon Daeninckx ! Lesquels sont bien entendu indéfendables et montent au créneau comme partisans de la démocratie.

« Toute politique se juge à ses méthodes », affirment sans rire les tricheurs du Fichisme ne passera pas, qui multiplient les truismes pour éviter d’appliquer le précepte à leur propre coterie. En matière de sophismes, de truquages et d’omissions, ils méritent d’être placés en tête du Who’s Who des politiciens à prétention révolutionnaire. Tu concèdes qu’ils auraient dû présenter l’histoire du révisionnisme de façon argumentée, vu qu’elle touche, de leur propre aveu, à des questions essentielles, à commencer par celle de l’Etat moderne. C’est en effet la première condition à remplir pour aider les lecteurs à réfléchir par eux-mêmes. Mais la fonction effective du Fichisme n’est pas là. Dauvé, dans son âme modeste, pense toujours être le seul vrai « théoricien ». Il compte donc fournir aujourd’hui de la pâtée prédigérée aux jeunes « praticiens » qui s’intéressent au passé. Posant à la victime de la cabale organisée par l’Etat – qui aurait pour principal objectif de renvoyer dans les limbes les rescapés de Mai 1968 –, il spécule de façon dégueulasse sur les difficultés que rencontrent les révoltés d’aujourd’hui, confrontés à vingt ans de lobotomisation et d’amnésie soigneusement organisées par les gestionnaires de la domination. En règle générale, ils ne disposent que de données fragmentaires sur l’histoire du révisionnisme et ce ne sont pas les rédacteurs du Fichisme qui leur donneront la clé des archives. Alors, quand ceux-ci affichent leur opposition à la démocratie d’Etat et au démocratisme en général, l’une des principales tares des oppositions actuelles, ils rencontrent quelques échos. Sans compter que, pour bien verrouiller le terrain, ils font appel à des procédés simples comme bonjour et vieux comme le léninisme : ils agitent le spectre de l’utilisation par l’Etat de toute critique sérieuse à leur égard.

Bien que leur prétention à monter sur les planches comme pères de l’église néobordiguiste universelle soit grotesque, leur jésuitisme constamment remis à jour est, lui, redoutable. Pour traiter les affaires de la famille révisionniste, « Muets comme des cadavres », la première règle de la Compagnie de Jésus, est devenue la leur. Dans Le Fichisme, ils prennent donc des mines de grands étonnés, manifestent leur « surprise » face à des critiques « soudaines » pour « quelques lignes », etc. Pourtant, les prises de position radicales contre le révisionnisme rampant dont ils ont déjà fait montre, via leur doute quasi pascalien sur les chambres à gaz, ne datent pas d’aujourd’hui. Dauvé ne peut pas avoir oublié les discussions, les déclarations, les courriers, etc., parfois acerbes qui ont jalonné plus de vingt ans d’opposition au révisionnisme et qui ne peuvent être assimilés, loin de là, aux opérations promotionnelles de la Société des amis de L’Humanité. Mais même les plus récentes critiques, comme celles de Janover dans Nuit et brouillard du révisionnisme, il préfère les passer sous silence.

Pour toi, les rédacteurs du Fichisme ne nient pas le génocide des juifs puisque qu’ils disent : « Notre seule faute est de considérer que le paroxysme de la concentration, c’est l’extermination. » Nouveau tour de passe-passe. Comme si le révisionnisme était réductible au négationnisme. Comme si les révisionnistes les plus malins des années 1980, ceux qui avançaient sous la bannière de l’antidémocratisme, niaient la réalité de la déportation des juifs, voire même leur extermination. Dans le milieu « révolutionnaire » de l’époque, la dénégation de la spécificité du nazisme, et donc de celle du génocide des juifs, n’a pas pris la forme de la négation pure et simple, mais elle a été introduite via « le doute » sur l’existence des chambres à gaz en utilisant des textes comme Auschwitz ou le grand alibi. Nier, au nom de l’opposition à l’Etat démocratique, les particularités de l’extermination des juifs par le nazisme, c’est accepter en réalité de s’engager sur la pente savonneuse qui conduit à le blanchir. Lorsque Dauvé, dans Bilan et contre-bilan, affirme : « Les chambres à gaz ont existé. N’auraient-elles pas existé, Auschwitz aurait quand même compté parmi les pires horreurs », il relance la machine de la dénégation, comme le montre Janover dans Nuit et Brouillard. L’extermination des juifs par les chambres à gaz est partie intégrante du nazisme et tenter d’en faire abstraction, c’est procéder à des opérations de restriction mentale dignes de la Compagnie de Jésus.

En effet, pour défendre l’indéfendable, les auteurs du Fichisme n’hésitent plus à faire appel aux pires des sophismes : « Ce monde ne s’explique pas par ses extrêmes, mais par son ordinaire. Le goulag ne livre pas la clé théorique de l’URSS ni les camps d’extermination celle de l’hitlérisme. Crises, guerres et massacres de masse expriment des paroxysmes, mais n’élucident pas les logiques qui y conduisent. » « Nommer, mais ignorer », la devise d’Ignace de Loyola est donc devenue le guide de Dauvé pour appréhender le monde, et elle est désormais accouplée au réductionnisme traditionnel de Bordiga. Il n’est même plus capable de comprendre que l’ordinaire de la société et de l’Etat, basés sur l’exploitation et la domination, est aussi fait d’extrêmes. Et encore moins de saisir que c’est également à travers les situations extrêmes qu’apparaît leur « vérité ». Mais, évidemment, pour des doctrinaires qui évoluent dans le monde illusoire de l’idéologie bordiguiste, saisi comme le seul monde « vrai », mieux vaut négliger comme autant de contingences annexes les conditions, les passions, les souffrances, les désirs, etc. des damnés de la Terre. En passant ainsi les phénomènes du monde réel au broyeur de la « dialectique » jésuito-bordiguiste, ils obtiennent quelque filtrat insipide, aussi conforme que possible aux présupposées essentialistes de la doctrine. Sauf que, en matière de chambres à gaz, cela les amène à défendre les arguties révisionnistes.

Oui, Dauvé défend en contrebande des thèses révisionnistes. La sortie de Bilan et contre-bilan, alors saluée favorablement, fut en réalité le fruit de concessions à l’air du temps, et Janover souligna les ambiguïtés de telles variations sur la même gamme. Depuis, Dauvé a remis les pendules à l’heure afin que nul n’ignore qu’il n’a pas la moindre intention de sauter du train de « l’invariance », dont la station terminus est Auschwitz : « Le lecteur qui comparerait ce texte à ma participation au recueil Libertaires et Ultra-gauches contre le négationnisme, (Editions Reflex, 1996), pourra constater en quoi Le Fichisme ne passera pas vaut autocritique de ma défense, il y a trois ans, contre ce qui méritait le silence, ou la contre-attaque, non une justification aggravant la confusion. La version complète de ma participation à ce recueil est disponible sur le site www.geocities.com/~johngray. » Voilà qui a le mérite de la clarté ! Dauvé qui, décidément, a l’amnésie sélective, n’indique pas la raison pour laquelle la version initiale de Bilan et contre-bilan fut refusée par les éditeurs. Les chambres à gaz y étaient qualifiées de « gigantesque détail de la Deuxième Guerre mondiale » ! Plus de vingt ans après l’apparition du révisionnisme au sein du « milieu révolutionnaire » en France, il continue à recycler les mêmes ordures. Pour quiconque possède le moindre sens critique, il est clair que de telles âmes mortes sont infréquentables. Voilà. Pour le reste, à toi de juger. Tu disposes déjà de pas mal de textes, à commencer par celui de Lavacquerie, L’ultragauche dans la tourmente révisionniste, vraiment très bon.

Hiver 2002.

P.-S.

Pour correspondre : nuee93@free.fr

titre documents joints

http://www.non-fides.fr/?Sous-pavillon-de-complaisance