International Call for Action and Solidarity with the World Cup Prisoners – en/fr

Cruz Negra Anarquista – Rio de Janeiro

On July 12, the day before the World Cup final match, the Police of Rio de Janeiro arrested 19 activists, aiming at disintegrating the big protest scheduled for the final’s day, on the grounds that they would have taken part in “violent” acts in riots last year and they would be planning other actions in the final manifestation of the World Cup. In total 23 search warrants and arrest and temporary detention were met against people accused of participating in social movements, the mandates were 5 days of probation, four people managed to escape the police kidnapping.

The activists were taken to the City of Police in Rio de Janeiro, a large complex of police departments built to take care of the repression of the people challenging the mega-events and the logic of the market town. In this large complex is the DRCI, Bureau of Suppression of Computer crimes, which currently plays the role of the historic Precinct of Political and Social Order, the infamous DOPS created in 1924 to suppress the anarchists, mainly used during the Vargas era and later Military regime in 1964, in order to control and repress political and social movements opposed to the regime in power. The kidnapped activists were all sent to the prison complex of Bangu.

A few days later they were granted a release order that freed 18 activists who were arrestes. Soon after, justice decreed again the arrest of these 18 people, which, however, escaped and remained underground. Camila, Igor Pereira and Elisa (Tinkerbell) continued arrested for around 10 more days, when he was granted bail to all, except for Caio Silva and Fabio Fox, arrested in January this year accused of murder. The activists go through a difficult time of criminalization and persecution, even awaiting trial in freedom, they can not leave the city or participate in demonstrations and public gatherings. This December, Igor Mendes was arrested again and 2 more activists went underground, accused of not complying with the court order and have participated in a peaceful public event last October 15, representing, according to justice, a threat to public order. More arrests may arise at any time and the trials that take place over the next few months can still get them to condemnation. Police said the arrests are based on research that has taken place in camera proceeding since September 2013 against the Popular Independent Front (FIP), black blocs and other activist groups, with conspiracy charges. The police methodology is monitoring, and the breach of confidentiality and privacy of individuals. The 23 militants are indicted by an extensive and absurd list of offenses ranging from armed gang until possesion of explosive, depredation of public and private property, endurance and injury, and corruption of minors.

The State that made political prisoners in Rio so it could occur a football match is the same state that closes schools, which kills in the slums and that made the World Cup. With these arrests the Brazilian State wrote another page in its history, it was the day when all masks have fallen, not only the state but also of political parties and groups who want it as it is, that take part in this so called democracy, this so called parliamentary representation. On this day the state said in so many words “WAR AGAINST THE PEOPLE”, not in a subliminal way, but to anyone who would listen. In the slums we already know that long ago, the marches of June / July 2013 also tried to warn, but this time it was in prime time and with all the letters. Where the population saw that the same State that creates the laws, breaks them when it pleases, and always made poor and black population throughout the genocidal history of the Brazilian state.

We Invite all to organize actions in solidarity with the World Cup prisoners. We can not remain silent before the state terrorism of the Brazilian government and FIFA dictatorship. Everyone knows the importance of mass riots that occurred in Brazil since June 2013 until now, they have been a milestone in the history of this people, a moment of rupture with the existing structures, a shout against various oppressions and historical violences against the people . Repression forces want at all costs to contain the indignation of the population frightening activists through persecution, want to regain control and conform people to return to the misery of everyday life and they are willing to arrest all of tose who do not retreat in this fight. Our friends need all the support to win this battle and stay in the streets, in the assemblies and popular mobilization.

No step back! No one is left behind! For the immediate end to the persecution!

List of the indicted:

– Elisa Sanzi (Sininho), Luiz Carlos Rendeiro Junior, Gabriel Marinho, Karlayne Pinheiro (Moa), Eloisa Samy, Igor Mendes, Camila Jourdan, Igor D’Iicarahy, Drean Moraes, Shirlene Feitoza, Andressa Feitoza, Leonardo Baroni, Emerson da Fonseca, Rafael Caruso, Filipe Proença, Pedro Freire, Felipe Frieb, Pedro Brandão, Bruno Machado, André Basseres, Joseane Freitas, Rebeca Martins, Fabio Raposo e Caio Silva Rangel

December 2014,

Coletivo Anti-carcerário Cruz Negra Anarquista do Rio de Janeiro

 

Appel international à la solidarité avec les prisonnier-e-s de la Coupe du monde 2014

 

Le 12 juillet, à la veille de la finale de la Coupe du Monde, la police de Rio de Janeiro a arrêté 19 militant-es, sous la justification que toutes ces personnes ont participé à des actes «violents» dans les révoltes de la dernière année et qui envisageaient d’autres actions et manifestations lors de la finale de la Coupe du Monde. Au total, environ 60 mandats de perquisitions, arrestations et détentions temporaires ont été délivrés contre des personnes accusées d’avoir participé à des mouvements sociaux, les mandats étaient de 5 jours de détention provisoire. Sur ces 60 mandats, 23 ont été réalisés, et 4 personnes ont réussi à échapper aux enlèvements de la police.

Les militant-es ont été emmené-es à la Cité judiciaire de la ville de Rio de Janeiro, un grand complexe de commissariats construits pour tenir compte de la répression liée aux protestations des méga-événements et de la logique de la ville marchande. Dans cette grande enceinte se trouvent la DRCI, le commissariat de police de répression des crimes informatiques, qui prend aujourd’hui place dans l’enceinte historique du commissariat à l’ordre politique et social, la célèbre DOPS (Delegacia de Ordem Política e Social) créée en 1924 pour réprimer les anarchistes, principalement utilisée durant l’Estado Novo* et plus tard lors du Régime Militaire en 1964, et qui avaient pour objectif de contrôler et de réprimer les mouvements politiques et sociaux qui s’opposaient au régime alors au pouvoir. Peu après, ils/elles ont tou-tes été transféré-es au complexe pénitentiaire de Bangu.

Quelques jours plus tard, Habeas corpus** a obtenu la libération de 18 militant-es qui étaient détenu-es. Peu de temps après, la justice a de nouveau ordonné l’arrestation de ces 18 personnes qui avaient jusqu’à présent réussi à échapper à la farce judiciaire. Camila, Igor et Elisa ont été détenu-es jusqu’au 23 juillet, quand tou-tes ont été libéré-es sous caution. D’autres arrestations pourraient survenir à l’avenir et les militant-es, qui sont persécuté-es par l’Etat et qui passent par des moments difficiles en cette période de criminalisation, peuvent encore être condamné-es. La police a déclaré que les arrestations sont fondées sur les enquêtes judiciaires qui ont eu lieu secrètement depuis septembre dernier contre le Front populaire indépendant (FIP), les black blocs et d’autres groupes militants, accusés de complot. La méthodologie de la police est la surveillance, la violation de la confidentialité et de la vie privée des individus.

L’Etat qui détient toujours plus de prisonniers politiques*** à Rio pour un match de football qui pourrait avoir lieu est le même Etat qui ferme des écoles, qui tue dans les favelas et fait une Coupe du monde. Avec ces arrestations, l’État brésilien a écrit un nouveau chapitre de son histoire, le jour durant lequel tous les masques sont tombés, pas seulement pour l’Etat mais aussi pour tous les partis et groupes qui veulent participer à cette démocratie telle qu’elle est, à cette représentativité parlementaire. En ce jour l’Etat a dit en toutes lettres « GUERRE A LA POPULATION », pas de façon subliminale, mais à qui veut l’entendre. Dans les favelas les gens le savent déjà depuis bien longtemps, les manifs de juin-juillet 2013 ont également essayé d’avertir, mais cette fois, c’était en prime time et en toutes les lettres. Où toute la population a vu que les mêmes lois instituées par l’État nous brisent quand il le veut, comme elle l’a toujours fait avec la population pauvre et noire dans l’histoire du génocide mené par l’Etat brésilien.

Nous vous invitons toutes et tous à organiser des actions de solidarité dans votre ville en solidarité avec les prisonnier-e-s de la Coupe du monde. Nous ne pouvons pas rester silencieux face au terrorisme d’État du gouvernement brésilien et de la dictature de la FIFA. Tout le monde connaît l’importance des soulèvements de masse qui ont eu lieu au Brésil depuis juin 2013 jusqu’à maintenant, qui ont marqué une étape dans l’histoire de ce peuple, un moment de rupture avec les structures existantes, un cri pour dire Stop! aux nombreuses oppressions et violences historiques contre le peuple. Les forces de répression veulent à tout prix contenir la colère de la population en effrayant les militant-es par la persécution, veulent reprendre le contrôle et conformer les gens à accepter la misère de la vie quotidienne et qui sont prêts à jeter en prison tou-tes celles et ceux qui n’abdiquent pas dans ce combat. Nos compagnon-nes ont besoin d’un soutien entier pour gagner cette lutte et rester dans les rues, dans les assemblées et dans la mobilisation populaire.

Aucun pas en arrière ! Personne ne sera laissé de côté ! Pour la fin immédiate des persécutions !
Liste des inculpé-es:

– Elisa Sanzi (Sininho), Luiz Carlos Rendeiro Junior, Gabriel Marinho, Karlayne Pinheiro (Moa), Eloisa Samy, Igor Mendes, Camila Jourdan, Igor D’Iicarahy, Drean Moraes, Shirlene Feitoza, Andressa Feitoza, Leonardo Baroni, Emerson da Fonseca, Rafael Caruso, Filipe Proença, Pedro Freire, Felipe Frieb, Pedro Brandão, Bruno Machado, André Basseres, Joseane Freitas, Rebeca Martins, Fabio Raposo e Caio Silva Rangel

December 2014,

Coletivo Anti-carcerário Cruz Negra Anarquista do Rio de Janeiro

CNA-Rio

Notes des traducteurs:

* Estado Novo, qui signifie « Etat nouveau », est le nom donné à la dictature instaurée par Vargas au Brésil depuis le coup d’Etat du 10 novembre 1937 jusqu’au 29 octobre 1945 et la destitution de Vargas par les militaires. Cette dictature est calquée aux conceptions du pouvoir des Etats fascistes européens durant la même période: culte du chef et paternalisme (Vargas se faisait appeler « Pères des Pauvres »), centralisation du pouvoir et interventionnisme total de l’Etat, etc.
La junte militaire a ensuite été au pouvoir pendant deux décennies, de 1964 à 1985, et s’est maintenue à plusieurs reprises par des bains de sang.

** C’est une association d’avocat-es qui apporte une aide juridique aux manifestant-es réprimé-es.

*** Nous refusons ce terme de « prisonniers politiques ». L’Etat enferme celles et ceux qui ne se plient pas à cette société de misère et de mort. Nous refusons cette volonté trop souvent affichée de différencier et hiérarchiser les insoumis et indésirables à ce système.

[Traduit du portugais par Le Chat Noir Émeutier. D’autres informations en portugais sont dispos sur le site de la Croix noire anarchiste de Rio, avec notamment une semaine internationale de solidarité avec les prisonnier-es, du 23 au 30 août 2014.]