Spain: Reflections on anarchism… Francisco Solar Dominguez from inside Villabona prison in Asturias – en-fr

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from instintosalvaje, transl wos:

I have been thinking about the coherency and consistency of anarchism, to determine what it is that ultimately motivates us to declare ourselves anarchists and not something else, what is it that leads us to leave a life where one of the most recurring themes are the police, surveillance, and prison, aspects that obviously no one likes but are always around because they mark our daily lives. I believe that anti-authoritarianism is central in this feeling, is what along with the intent of freedom differentiates us politically from other political currents as well as inside of our own anarchism. And it is that anti-authoritarianism implies a break with the entire existent and the ideas which are its sustenance, within which the “judeo christian” paradigm of progress is found entrenched in the majority of occidental thought, whether revolutionary or not.

Therefore, is it necessary to break away from the judeo christian tradition of thought? Obviously. If anarchism intends to break with the existent in can not be part of the reproduction of one of the pillars of oppression: holy thought. It is true that a large part of the anarchist current postulates that thanks to social revolution a state of complete harmony will be reached, that due to science we will reach plenitude. This is found in a large part of anarchist literature from the 19th and beginning of the 20th century which is imbued with the illustration and consequent adoration of reason. Consequently, holy thought is maintained, is not questioned, so that an actual breaking with the imposed is not generated. Anarchism becomes sacred in the same way as is chrisitanity.

However there are positions that do not follow the same game such as the approaches of Bakunin and Stirner. The first by showing that all destruction is at the same time creation, separates from the exemplified ways of thinking opening new doors for us. Destruction and creation would be inseparable, they would not constitute separate phases, it is just that to break with the existent will open a wide spectrum of possibilities marked by constant revolt. On his part Stirner clearly affirms: ““The sacred is by no means so easily to be set aside as many at present affirm, who no longer take this “unsuitable” word into their mouths. However human this sacred thing may look, though it be the Human itself, that does not take away its sacredness, but at most changes it from an unearthly to an earthly sacred thing, from a divine one to a human.” (Stirner: 2007. P44)

This enlightenment replaces the sacred object: the State, resulting from and an expression of reason takes the place of god acquiring the same characteristics, that which assures an absolute dominion. This “transfer of powers” reflects the continuity of a determined structure of thought which manifests in a large part of western revolutionary movements. It reproduces the paradigm of oppression. In this way, it makes it indispensable to create a fracturing from “the sacred” in whichever of its forms, whether science or political doctrine. In this way the questioning of ourselves and our environment attempts to eliminate each holy expression of our relations, which ultimately is the manifestation of authority. We are iconoclasts. Therefore, I think that in this pursuit we should be consistent; we are not the saviors of anything or anyone if we confront power it is because we want to eliminate it from our lives and not because we hoping a paradise will arise from its ruins. What is ours is the complete negation of the existent and what this offers is a mystery. This is what motivates us.

august 2014

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[Réflexions autour de l’anarchisme] Texte du compagnon Francisco Solar depuis la prison de Villabona (Asturies)

Réflexions autour de l’anarchisme
Texte du compagnon Francisco Solar Dominguez depuis la prison de Villabona (Asturies)

J’ai tourné et retourné la question de la cohérence et de la consistance de l’anarchisme, pour déterminer ce qui en définitif nous motive à nous déclarer anarchistes et pas autre chose, ce qui nous mène à vivre une vie marquée par les thèmes récurrents de la police, des filatures et la prison, autant de thèmes qui évidemment ne plaisent à personne, mais qui sont toujours présents en ce qu’ils imprègnent notre quotidien. Je pense que dans ce sens, l’antiautoritarisme est central, car c’est, avec la tentative de liberté, ce qui nous différencie politiquement des autres courants politiques et même fait la différence à l’intérieur de l’anarchisme lui-même. En effet, l’antiautoritarisme implique une rupture avec ce tout qui est établi et avec les idées qui le nourrissent, entre autres le paradigme “judéo-chrétien” du progrès enkysté dans la majeure partie de la pensée occidentale, révolutionnaire ou pas.

Alors, est-il nécessaire de rompre avec la tradition de pensée judéo-chrétienne ? Évidemment. Si l’anarchisme prétend rompre avec l’ordre établi, il ne peut participer à la reproduction de l’un des piliers de oppression : la pensée sacrée. Il est certain qu’une grande partie du courant acrate part du postulat que grâce à la révolution sociale on obtiendra un état d’harmonie complète, que par la science on parviendra à la plénitude. Nous trouvons cela dans la plupart de la littérature anarchiste du XIXe et des débuts du XXe siècle, imprégnée par le siècle des Lumières et par l’apologie de la raison qui en découle. Par conséquent, la pensée sacrée se maintient, n’est pas remise en question, dans la mesure où ne se produit pas de rupture avec ce qui est imposé. L’anarchisme se fait sacré de la même manière que l’est le christianisme.

Certaines positions ne suivent pourtant pas ce jeu, comme par exemple les approches de Bakounine et Stirner. En notant que toute destruction est à la fois création, le premier s’écarte de la pensée du siècle des Lumières et nous ouvre de nouvelles portes. La destruction et la création seraient inséparables, ne constitueraient pas des phases séparées, c’est le fait d’en finir avec l’existant qui ouvrira un large éventail de possibilités marquées par la révolte constante. Pour sa part, Stirner affirme clairement : “le sacré ne se supprime pas aussi facilement que semblent le croire beaucoup qui continuent à rejeter ce mot impropre. Que ce “sacré” soit d’ailleurs aussi humain qu’on le veuille, qu’il soit l’humain même ne lui enlève en rien son caractère, au mieux le sacré supraterrestre devient sacré terrestre. Il passe de divin à humain”.

Le siècle des Lumières remplace cet objet sacré : l’Etat, résultat et expression de la raison, prend la place de Dieu, tout en acquérant les mêmes caractéristiques, ce qui lui assure une domination absolue. Cette “passation de pouvoirs” reflète la continuité d’une structure de pensée particulière qui se manifeste dans une grande partie des mouvements révolutionnaires d’occident. Le paradigme de l’oppression se reproduit. En ce sens, il devient indispensable de provoquer une fracture avec “le sacré” dans chacune de ses formes, que ce soit la science ou quelque doctrine politique. C’est de cette manière que le questionnement de nous-mêmes comme de notre environnement tente d’éliminer de nos relations toute expression sacrée, qui est en définitive la manifestation de l’autorité.

Nous sommes iconoclastes. Je pense donc que nous devons être conséquents dans cette recherche ; nous ne sommes les sauveurs de rien ni de personne. Si nous affrontons le pouvoir, c’est parce que nous voulons l’éliminer de nos vies, et pas parce que nous espérons que de ses ruines surgisse un paradis. Nous aspirons à la négation totale de tout ce qui est établi et ce que cela nous réserve est une énigme. Voilà ce qui nous motive.

Août 2014

[Traduit de l’Espagnol de Indy Barcelone par les Brèves du désordre, 02 ago 2014]


Pour leur écrire :

Mónica Andrea Caballero Sepúlveda
Ávila-Prisión Provincial
Ctra. de Vicolozano s/n Apdo. 206
05194 Brieva (Ávila)

Francisco Javier Solar Domínguez
C.P. de Villabona Finca Tabladiello
33480 Villabona-Llanera (Asturias)

Voir toutes les infos sur les deux compagnon-nes Monica Caballero et Francisco incarcéré-es et plus globalement sur la répression contre trois autres anarchistes début novembre 2013 suite à l’attaque incendiaire contre un des nombreux temples de l’oppression religieuse (I,IIIIIIV)

On pourra aussi se référer à ce texte retraçant l’histoire de l’église catholique et la nécessité de l’attaquer …

http://www.lechatnoiremeutier.antifa-net.fr/reflexions-autour-de-lanarchisme-texte-du-compagnon-francisco-solar-depuis-la-prison-de-villabona-asturies/