Au lendemain de la mort de Rémi Fraisse, une réaction spontanée émerge en région parisienne. Manifestations interdites, interpellations en masse, militarisation des quartiers, à Paris comme ailleurs, le pouvoir a très vite mis en place tous les moyens pour tenter de tuer dans l’oeuf ce mouvement qui pourrait devenir très vite ingérable.
Dimanche 26 Octobre
Un rassemblement spontané se tient à la Fontaine de la place Saint Michel. Les 300 personnes présentes partent en déambulation dans les petites rues. Très vite les CRS se déploient et chargent sur le parvis de l’hôtel de ville pour tenter d’encercler le cortège. Une quinzaine de personnes sont faites prisonnières et raccompagnées dans le métro.
Mercredi 29 Octobre – 150 Interpellations – 29 GAV
Un rassemblement est annoncé au parvis de l’hôtel de ville. L’appel à venir casqué est suivi par une soixantaine de personnes. La tentative de partir en cortège est très vite contrée par un important dispositif policier quadrillant tout le quartier. Quelques tags, crachats et pétards plus tard, ce sont près de 200 personnes qui vont se retrouver encerclées de près, gazées, détenues à ciel ouvert pendant plus de 4h pour certaines. Quelques personnes essuient des coups de matraque en tentant de s’extraire de la nasse. Les flics reserrent par la force et extraient un-e par un-e les manifestant-e-s pour les mettre dans les bus à destination du commissariat de l’Evangile. L’opération dure près de 4h.
Au final, environ 150 interpellations. La riposte collective a consisté à refuser de donner son identité et de prétendre individuellement s’appeler Rémi Fraisse. Les 26 premières personnes à avoir tenu cette stratégie se sont faites placer en GAV pour refus d’identité, mais cela a emmerdé les flics qui ont finit par laisser tomber et libérer sans contrôle un grand nombre de personnes toujours détenues dans la cours du comico de l’Evangile.
Si ces personnes se sont vue signifier la fin de leur GAV le lendemain (sans suite pour certain.e.s, avec des menaces orales de suites pour d’autres), 3 autres camarades ont vu leur GAV prolongée et ont été déferrés pour port d’arme prohibé, violence sur agent, outrage ou encore dégradations. Les trois personnes ont obtenu le renvoi de leur procès au 21 novembre sous contrôle judiciaire (pointage au commissariat hebdomadaire ou mensuel).
Dimanche 2 Novembre – 150 Interpellations – 17 GAV
Ce dimanche, c’est initialement une manifestation au départ de Stalingrad qui était prévue. La préfecture décide de l’interdire (des policiers se rendent au petit matin chez les personnes signataires pour leur signifier l’interdiction), les organisations se retirent et préfèrent le sitting au mur de la paix. Sous un dispositif policier énorme (plus de 700 agents mobilisés) 300 personnes parviennent à se rassembler tant bien que mal, sont chargées et gazées à plusieurs reprises en tentant de refluer de la Place de la Rotonde et en reformant des petits groupes sous le pont aérien de Stalingrad. De nombreuses interpellations préventives ont eu lieu. Ainsi, à Montreuil, une trentaine de personne sont interpellées dès la sortie du lieu où elles avaient préparé une banderole. D’autres le sont à l’issue de l’un des multiples contrôles policiers qui quadrillaient tout le nord-est parisien. Au total, à nouveau environ 150 interpellations, 17 personnes sont placées en GAV et 5 seront déferrées pour attroupement non armé en vue de commettre des dégradations ou encore port d’arme prohibée. 4 d’entre elles demandent et obtiennent le renvoi de leur procès (avec contrôle judiciaire pour l personne). La dernière personne ayant accepté la comparution immédiate a écopé d’un mois de prison ferme sans mandat de dépôt pour port d’arme prohibé.
Mardi 4 Novembre
Lors d’une assemblée générale à Montreuil, la présence policière s’est faite sentir (voiture banalisée qui tournent, camionnettes de CRS un peu plus loin, rumeurs de contrôle d’identité sur des gens quittant l’AG)
Jeudi 6 Novembre – 2 GAV
Deux personnes sont interpellées alors qu’elles collaient des affiches appelant aux manifestations du samedi 8 novembre à Toulouse et Paris. Elles font 48h de GAV et sont déferrées le samedi sous les chefs d’inculpations d’ « incitation directe à la rébellion et refus de signalétique ». Elles obtiennent le renvoi de leur procès.
Jeudi 6 Novembre
Les lycéens bloquent une trentaine de lycées en Ile de France. Une manifestation au départ de nation rassemble jusqu’à 3 000 lycéens. La police se fait plus que discrète. Dès le lendemain, les blocages sont perturbés par les chefs d’établissement et la police. Les premières convocations disciplinaires tombent également.
Vendredi 7 Novembre
Au petit matin, des flics déboulent chez une copine et l’emmènent pour un interrogatoire. Ils prétextent une ancienne histoire de refus d’ADN.
Samedi 8 Novembre
Manifestation autorisée par la préfecture. La présence policière est massive mais discrète. Un camarade se fait attraper par des bacqueux et des CRS qui l’emmènent dans une petite rue pour le passer à tabac et effectuer une vérification d’identité caméra au poing. La presse parle d’une interpellation préventive ce jour pour port d’arme. Pas d’autres interpellations relevées.
Mercredi 12 Novembre – 12 Interpellations
Au lendemain d’une matinée d’actions spontanées et déterminées notamment à Saint Denis, les lycéen.ne.s du 93 ont du faire face à la répression policières : 200 flics mobilisés pour certains qui chargent à cheval, militarisation des lycées et des quartiers, hélicoptère de surveillance… Durant cette nouvelle matinée d’action, quatorze interpellations ont eu lieu selon Le Parisien, la voix de la préfecture. Pas plus de nouvelles de notre côté.
Bilan répressif sur deux semaines et demi de lutte à Paris : 48 gardes à vue, 9 personnes en procès, sur près de 330 interpellations
Calendrier des procès :
21.11.2014 : 3 personnes
05.12.2014 : 1 personne
09.12.2014 : 1 personne
16.01.2015 : 2 personnes
Afficheu.ses.rs : date non confirmée.
Si la répression sur le site de Sivens s’est distinguée par sa violence, c’est ici une guerre de basse intensité (Cf Mathieu Rigouste – les Marchands de peur) que mène l’Etat face à celles et ceux qui s’organisent contre la police. Les ponts créés entre lycéen.ne.s, habitant.e.s des quartiers « populaires », et militant.e.s contre la répression sont autant de remparts face à la société sécuritaire qu’on tente de nous imposer.
Nous ne nous laisserons pas faire, nous n’appellerons pas au calme mais à la colère !
L’équipe juridique qui a suivi la mobilisation en région parisienne.
http://paris-luttes.info/chronologie-de-la-repression-2057