Solidarité avec l’anarchiste Diego Ríos

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Chili : Quelques mots de Diego Rios suite à la fin de son procès

J’écris ces mots tout d’abord dans l’intention de remercier pour tous les actes, gestes solidaires que j’ai reçu, les plus anonymes, qui ont traversé le monde, pas seulement ces derniers temps, mais depuis presque 6 ans, au moment où a débuté ma situation de fugitif du Pouvoir/État/Justice, ainsi que l’agitation et la solidarité qui se sont déclenchées lorsque la police m’a arrêté en février de cette année.

 

Deuxièmement, je veux informer au sujet de ma sortie de la Section de Sécurité Maximale de la Prison de Haute Sécurité, après être resté là-bas près de 7 semaines, en prison préventive qui s’est terminée à la suite d’un procès abrégé, dans lequel on me condamne à 541 jours de liberté conditionnelle, c’est à dire, une signature mensuelle, pour le délit de détention de matériel explosif et d’éléments pour la fabrication de matériel explosif.

Le choix d’un procès abrégé, ainsi que le fait de ne pas m’être exprimé ni d’avoir fait de la propagande lors de mon emprisonnement et de mon procès, répond à une décision personnelle dans laquelle j’assume toutes les remises en question que cela implique, car dans la réalisation de celui-ci je devais faire une déclaration inculpatoire, c’est à dire que je devais assumer la responsabilité/perpétration du délit dont on m’accuse.

Aujourd’hui avec toutes les remises en question personnelles je continue d’affirmer mes choix de vie, chacune de mes décisions et les raisons qui m’y ont mené. Le choix d’un procès abrégé est une option encore moins discutable, et je l’ai choisi car cela n’implique pas de repentir, et n’entraîne aucune forme de délation, ce que je considère comme des critères/valeurs minimes quand on fait face à la prison.

Je remercie encore pour le soutien, la solidarité et la complicité, mais nous savons que rien n’est terminé, et il reste encore beaucoup à faire. Un salut et une bise à tous ceux qui continuent sur leur propre chemin contre le Pouvoir.

Diego Rios.

[Traduit de l’espagnol de Contrainfo par Camotazo.]

 

 

Chili : Diego Ríos sorti de prison et condamné

Après plus de 5 ans de cavale, à cause de l’accusation de détention de matériel explosif suite à la délation de sa mère, l’anarchiste Diego Ríos a été arrêté le 7 février 2015.

 

Après être resté presque deux mois prisonnier dans la Section de Sécurité Maximale, le 30 mars Diego a obtenu le changement de la mesure préventive de détention provisoire en arrestation domiciliaire nocturne à la veille du procès en jugement abrégé [1] proche de se réaliser. Diego a assumé la détention de matériel pour la fabrication d’explosifs et a été condamné le 2 avril 2015 à 541 jours de « presidio remitido » (hors de prison) [peine alternative ressemblant à une liberté conditionnelle].

À bas les prisons et le système judiciaire !
Liberté pour tou-te-s les prisonnier-e-s !

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[Traduit de l’espagnol par nos soins de Publicación Refractario.]

Notes

[1Procédure simplifiée permettant une peine moins lourde en

 

http://www.non-fides.fr/?Chili-Diego-Rios-sorti-de-prison

 

Chili : Le compagnon Diego Ríos, en cavale depuis 2009, a été arrêté

Aujourd’hui, le 07 février 2015, les raclures de la Police d’Investigation dirigés par ce pourri de Parquet Sud ont réussi à arrêter le compagnon Diego Ríos sur la commune de La Ligua. L’information n’est toujours pas très claire, et on ne sait pas si d’autres compagnon-ne-s ont été arrêté-e-s, ni comment ils l’ont localisé.

 

Nous rappelons que Diego avait été dénoncé par sa mère le 24 juin 2009 lorsque celle-ci avait découvert du matériel servant à fabriquer des explosifs, en plein contexte d’hystérie répressive suite à la mort de Mauricio Morales.

Depuis cette date Diego a dû vivre en clandestinité pendant plus de 5 ans. Aujourd’hui le compagnon est détenu et restera dans le commissariat de La Ligua jusqu’à demain afin qu’il comparaisse devant le centre d’(in)justice.

Le compagnon doit faire face à différentes accusations. D’une part il est accusé de port illégal d’armes et explosifs (l’affaire de juin 2009) ensuite il a été de nouveau impliqué (en son absence) dans les délires répressifs du Caso Bombas, d’association illicite terroriste.

On ne sait toujours pas quand le compagnon devra comparaître, dans la presse ils racontent que ce sera demain matin ou lundi, et à ce moment là on saura sous quels accusations il comparait et donc sous quels mesures préventives il va se retrouver.

Nous saluons la décision indomptable du compagnon il y a 4 ans et aujourd’hui, parce que ce ne seront ni les mercenaires à leurs soldes ni ces raclures de persécuteurs en costard-cravate qui pourront faire taire les décisions et convictions de se tenir debout face à ce monde de merde.

Toute notre solidarité avec le compagnon Diego Ríos ! Tout notre soutien à ceux qui sont clandestins et en cavale !

Ce ne seront ni les menaces, ni la chasse par leurs chiens, qui pourront ne serait-ce que ralentir la guerre sociale … nous sommes incoercibles.

[Traduit de l’espagnol par nos soins de Publicacion Refractario.]

 

http://www.non-fides.fr/?Chili-Le-compagnon-Diego-Rios-en

 

Appel à la solidarité avec Diego Ríos et tous-tes les fugitif-ves et clandestin-e-s

« Souvent, pour s´amuser, les hommes d´équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers. »

 

Même si les clandestin-e-s et les fugitif-ves doivent rester dans l’ombre nous ne pouvons pas les laisser tomber dans l’oubli… Fuir du pouvoir et de ses laquais c’est déjà une victoire et une arrestation ne pourra jamais être considérée comme une défaite, mais comme une conséquence de la vie que l’on a choisie.

La décision de partir en cavale, assumée par beaucoup de compagnon-ne-s, est bien plus qu’une évasion, mais une désobéissance totale face au système judiciaire, et par conséquent, une négation de son pouvoir sur nos vies.
Cela génère de nouveaux espaces, des liens, des forces et un élan pour continuer à affronter constamment l’autorité.

Vivre l’exil de la clandestinité c’est chaque jour, et dans tous les aspects de la vie, faire face à un duel direct contre l’État, avec tous les risques que cela engendre et en même temps la conviction de défier son existence. Et comme décision politique, la clandestinité renforce aussi la recherche de notre être en anarchie.

La cavale est une décision politique qui ne peut pas être mise de côté. Il est nécessaire de se solidariser de manière combative avec ceux-celles qui ont choisi ce chemin, pour que cela soit toujours une option pour les compagnon-ne-s qui font face à des persécutions et des vagues répressives.

Même sans avoir la certitude que nos gestes de soutien seront reçus par ces compagnon-ne-s qui vivent caché-e-s, puisque dans cette situation le contact direct est impossible, nous devons accentuer la diffusion d’information sur leur situation et leurs idées, et ainsi, mettre en avant le choix de risque et d’affrontement constant dans lequel ils-elles vivent jours après jours.

En affinité et en complicité avec la décision politique de la cavale, nous lançons un appel à la solidarité avec Diego Rios, solidarité qui, nous l’espérons, se répandra et s’étendra à tous les compagnon-ne-s en cavale et à ceux-celles qui, à un moment donné, se sont enfuis, en faisant que leur souffle de liberté devienne notre force pour rester sur le pied de guerre et affronter la répression avec fermeté, dans la recherche permanente du rejet de l’autorité :
Hans Niemeyer, Gabriela Curilem, Carlos Gutierrez, Juan Aliste Vega, Diego Ríos, Nikos Maziotis, Mario Seisidis, Grigoris Tsironis, Pola Roupa, Panagiotis Aspiotis, Spiros Dravilas, Christodoulos Xiros en Grèce [sic] [1], K en Indonésie, Tripa et Felicity Ryder au Mexique. Et pour tous-tes ceux-celles qui ont choisi le chemin silencieux de la clandestinité et de l’anonymat.

Nous appelons tous les instincts rebelles à transformer leur rage en solidarité combative avec les compagnon-ne-s clandestin-e-s !

[(Re-)traduit de l’espagnol par nos soins d’un appel reçu par mail.]

Notes

[1Ndt. Xiros n’est ni en cavale, ni un compagnon. Il a été rattrapé il y a plus d’un mois, et c’est une balance qui a participé à faire tomber son organisation communiste armée.

 

http://www.non-fides.fr/?Appel-a-la-solidarite-avec-Diego

 

Chili : Mise à jour sur la situation de l’anarchiste Diego Ríos

Le dimanche 8 février 2015 le compagnon Diego Ríos a comparu devant le tribunal de La Ligua dans le cadre de la procédure d’arrestation, définissant celle-ci comme « légale » dans le cadre de leurs paramètres stupides.

 

Diego a été arrêté au matin du 7 février par ces bâtards de la BIPE-PDI (Brigade d’Investigation Policière Spéciale – Police d’Investigation). Il aurait été arrêté sur la commune de La Ligua, près de là où sa mère avait un terrain. Selon les informations qui émanent de la police, un faux passeport aurait été trouvé sur lui, ce qui rajouterait un délit supplémentaire : « falsification d’objet public ».

Une fois la procédure d’arrestation réalisée, le compagnon a été rapidement transféré, sous de grandes mesures de sécurité menées par l’administration pénitentiaire, jusqu’à la prison de Haute Sécurité, dans la section de Sécurité Maximale.

La comparution devant le tribunal a été fixée au lundi 9 février à 11h dans le centre d’(in)justice, au métro Rondizzoni, dans le neuvième tribunal, où le parquet sud, qui s’auto-désigne comme antiterroriste, présentera les charges de possession d’explosifs (poudre et détonateur) datant de 2009 et les charges du Caso Bombas (2010).

Toute notre solidarité et notre soutien insurgé avec le compagnon anarchiste Diego Ríos ! Dans aucune salle de tribunal on ne pourra juger les éternels chemins du refus de l’autorité.

[Traduit de l’espagnol de Publicacionrefractario.]

 

http://www.non-fides.fr/?Chili-Mise-a-jour-sur-la-situation-4262

 

Lettre de Diego Rios depuis la clandestinité

A toutes les compagnes et compagnons que le désir de récupérer leur vie pousse à se mettre en guerre

[Le 22 mai passé, l’anarchiste Mauricio Morales est mort alors que l’engin explosif qu’il s’apprêtait à déposer devant une école de gendarmerie lui a accidentellement explosé sur le dos. Le jour suivant, différents lieux proches de ce compagnon sont immédiatement perquisitionnés en grandes pompes : hélicoptères, groupe d’assaut, franc-tireurs… A La Idea, une fois le squat saccagé, tout le monde sera embarqué puis relâché.

Plus tard dans l’après-midi, les flics commencent à boucler le quartier du Centre Social Occupé et Bibliothèque Sacco et Vanzetti. Les occupants décident de na pas lâcher le lieu et les compagnon.ne.s à l’extérieur sont là pour démontrer leur solidarité en actes. Des affrontements de rues auront lieu toute la nuit et finalement la police n’entrera pas dans le lieu. très vite, la solidarité s’éprouve aussi de manière internationale. Dans plusieurs pays, des actions sont revendiquées en mémoire à Mauricio et en solidarité avec l’ensemble des compagnons là-bas.

Le 9 juin, Cristian Cancino est arrêté et incarcéré pour « transport et détention illégale de matériel pour la fabrication d’explosifs », parce que de la poudre noire aurait été retrouvée dans sa chambre lors de la perquisition à La Idea. Si le montage ne veut pas être utilisé comme défense politique, les compagnons tiennent quand même à préciser que la poudre noire « trouvée » a été déposée par les flics afin de pouvoir montrer des « résultats ». Cristian reste en détention préventive et sera probablement le premier cas jugé sous instance « anti-terroriste » au Chili.

Le 24 Juin, sur dénonciation de sa mère, le domicile de Diego Rios Gonzalez est perquisitionné par différents services de carabiniers. Ne l’y trouvant pas, ils se dirigent alors vers le Centre Social Autonome et Bibliothèque Libertaire Jhonny Cariqueo pour y mener une perquisition.
Depuis, Diego est dans la nature.

Nous reprenons une lettre envoyée en cavale, non pas tant par goût d’un certain romantisme révolutionnaire, mais parce que comme l’ont dit les compagnons du Sacco et Vanzetti :
« La pouvoir ne s’intéresse pas aux particularités de chacune des vies qui subissent aujourd’hui concrètement la répression. (…) On cherche à anéantir une idée. Leur but c’est qu’après notre incarcération, notre mort ou notre fuite, il n’y ait plus personne pour lever un principe de guerre contre l’existant, d’attaque contre le pouvoir sous toutes ses formes ».

Autant de raison de continuer…]

 

Comme beaucoup le savent déjà, il y a quelques semaines la police a perquisitionné dans le centre de Santiago une maison inoccupée appartenant à ma mère, dans laquelle se trouvaient deux sacs contenant divers matériels pour fabriquer des explosifs.

Depuis lors, je suis recherché et poursuivi par l’État et ses appareils répressifs. Je m’en suis rendu compte par la surveillance grossière d’appels téléphoniques. Quelques heures plus tard, j’ai appris la perquisition du Centre Social et Bibliothèque Libertaire Jhonny Cariqueo. C’est l’endroit où je vis, et la police est entrée soi-disant pour demander où j’étais. Ne m’y trouvant pas (et ne recevant aucune collaboration), ils ont pris tous les textes, publications et matériels de propagande qu’ils ont pu trouver (ils ont déjà dû entendre ce refrain connu selon lequel “… la propagande est une arme …”). Alors, j’ai décidé de m’enfuir, même si je ne suis coupable de rien, pas plus qu’innocent d’ailleurs… je suis simplement leur ennemi. Je ne me rappelle ni le jour ni le lieu, mais il y a longtemps déjà que je me suis rendu compte que je ne peux (ni veux) vivre tranquille ou en paix et que j’ai décidé de compliquer ma vie au point de rendre impossible tout retour en arrière… Depuis lors, je suis l’ennemi déclaré de l’ordre existant, ennemi de la société, de toute forme d’autorité et d’exploitation, bourgeoise ou prolétaire. J’ai compris que la lutte pour la liberté c’est la guerre que mène chaque individu pour reprendre sa vie en main. C’est refuser de faire partie des masses, que d’autres pensent pour toi et te disent comment agir ; c’est rejeter les idéologies et les nombres tout comme les rôles chargés de conformisme et de passivité qui assurent au quotidien la continuité du système (quelque soit la rhétorique révolutionnaire dont ils se parent). J’ai découvert que celles et ceux qui m’ont accompagné dans les étapes significatives de ma vie et dans les attaques concrètes (matérielles et idéologiques) contre le capitalisme ne voyaient pas l’horizontalité comme un simple choix, mais comme le partage de la confiance et du désir de détruire tout ce qui nous opprime. La relation avec mes frères et sœurs m’a fait comprendre que l’arme la plus efficace, c’est ce bouleversement qualitatif qui consiste à tenter au quotidien de transformer nos vies entières en propagande par le fait, en attaquant le capital. Nous avons découvert au jour le jour que dans chaque élan destructeur nous créons quelque chose, quelque chose qui nous renforce et voilà ce qui agite mon esprit et conforte mes convictions aujourd’hui, c’est cette fierté de se sentir digne et conséquent.

Ces derniers jours, je n’ai pu m’empêcher de me souvenir des mots qu’a dit un prisonnier : “nous les anarchistes, nous avons génétiquement la prison dans le sang”, c’est peut être vrai d’une certaine manière. Nous savons toutes et tous que la prison est une conséquence possible pour celles et ceux qui assument le fait de défier l’État et le Capital comme position d’action et non comme un simple simulacre révolutionnaire leur permettant de poursuivre une vie confortable et sure. Mais j’ai aussi la certitude que la guerre consiste en partie à multiplier et aiguiser les attaques en veillant au maximum, sur la base de nos recherches et de nos plans, à ne pas tomber dans les griffes de l’ennemi. Je vais éloigner le plus possible la prison de ma vie, sans pour autant sombrer dans la paralysie (que ce soit par peur ou par autosatisfaction). C’est pourquoi, j’assume mes erreurs et je fais mon autocritique : pour nourrir et aiguiser ma pratique insurrectionnelle. Aujourd’hui, je considère comme une nécessité concrète que les groupes d’affinité qui sont passés à l’action s’occupent de mettre sur pied une infrastructure autonome (dans tous les sens) qui leur permette de développer leurs projets avec plus de sécurité et de confiance. Je suis tombé sur cette erreur, mais je crois que nous les antiautoritaires devrions être comme les saumons : nous devons apprendre de chaque chute et continuer fermement à contre-courant.

Que tous mes frères et sœurs de qui je m’éloigne aujourd’hui sachent que je les aime et que je sens ce qu’ils sont les seuls à pouvoir comprendre… Et que mes ennemis qui analysent ce texte, que ce soit pour me localiser ou écrire une réponse académique/idéologique éprouvent d’ici mon plus profond mépris pour la vie qu’ils ont choisie et qu’ils défendent. Axel Osorio, Cristian Cancino et tant d’autres… je vous envoie par ces lignes mes salutations les plus affectueuses et soyez certains que beaucoup dehors s’intéressent à votre vie et luttent au quotidien pour détruire ce qui aujourd’hui retient vos corps. Mais je crois que même la prison ne peut arrêter la lutte contre le pouvoir.

Pour la destruction de toutes les prisons et de toutes les cages.

Faisons la guerre à la société.

Diego Rios.

http://www.non-fides.fr/?Lettre-de-Diego-Rios-depuis-la