L’Espace autogéré des Tanneries se lance dans une nouvelle aventure et déménage fin 2014. Après de longues négociations avec la municipalité, nous sommes aujourd’hui parvenu·e·s à un accord. Les Tanneries renaîtront dans un ancien hangar industriel de 900m2 entouré de 4000m2 de friche boisée au sud de Dijon. La Mairie s’est engagée pour un bail de 12 ans renouvelable.
Elle accepte par ailleurs de prendre en charge un certain nombre de gros travaux infrastructurels, visant à contrebalancer la perte de ce que nous avons construit boulevard de Chicago. Nous aurons alors à mettre en oeuvre d’importants chantiers complémentaires pour reloger la totalité des composantes et activités du lieu. Autant d’occasions de s’approprier cet espace et d’expérimenter les pratiques d’autogestion qui sont au coeur du projet.
Les Tanneries changent d’adresse, mais notre désir d’autonomie et notre combativité restent intacts. Alors que le compte à rebours a commencé et que nous nous attelons d’arrache-pied à la conception du futur lieu, il est temps de rappeler que nous ne ferons rien sans la solidarité de toutes celles et ceux pour qui la poursuite d’un tel projet est précieuse.
Une page se tourne, c’est l’occasion de revenir sur ce choix, de faire le point sur ce qu’a été et sera l’espace autogéré des Tanneries, et de lancer un appel à dons et coups de main pour le mener à bien.
Retour sur un déménagement à venir
5 ans maintenant que nous avons appris que la mairie entendait nous déplacer pour laisser place à un projet d’« éco-quartier » ! Nous n’avions pas demandé à partir… et avons mis la question en débat entre les différents protagonistes de ce projet multiple. Héritier d’une longue histoire de résistance aux menaces d’expulsion – qui a permis à l’espace autogéré de se maintenir depuis 1998 – nous avons pu poser des conditions politiques et matérielles en préalable à toute discussion sur un possible relogement.
Pas question de déménager si cela impliquait une situation plus fragile que par le passé, permettant à la Mairie de nous expulser à tout moment. Nous refusions tout autant de perdre ce qui donne sens au projet des Tanneries, la singularité de son fonctionnement indépendant ou ses capacités d’engagement politique et social sur la ville et au-delà. Inconcevable non plus de partir de nous-mêmes si cela impliquait d’amputer le projet actuel, ses espaces d’activités et de concerts, de vie et d’accueil. Pas question enfin d’accepter de se retrouver dans un hangar vide et ouvert aux 4 vents après 15 ans d’auto-constructions, d’aménagements constants dans l’espace actuel.
Si le cadre que nous avons posé pour ce déménagement nous semble parer à ces écueils, nous sommes bien conscient·e·s que le pari demeure risqué. Nous nous sentons cependant porté·e·s tant par la confiance donnée par l’expérience de ces quinze dernières années, que par le désir de maintien d’un espace autogéré à long terme à Dijon. Ce pari devra être relevé collectivement avec les milliers de personnes qui passent aux Tanneries, toutes celles et tous ceux qui ont traversé les épreuves et fêtes avec nous, ou que l’expérience a inspiré. Il ne s’agit pas ici de rentrer docilement dans les clous et il faudra toujours rester vigilant·e·s et prêt·e·s à résister en cas de coup dur ou d’offensive répressive… Nous espérons que ce déplacement sera aussi une aventure détonnante nourrie par de nouvelles rencontres, avec des moments réguliers de chantiers et d’assemblées pour penser ensemble le nouveau lieu.
Quelques mots encore…
Nous ne partirons pas sans maintenir notre soutien à nos voisin.e.s migrant-e-s du squat de pôle emploi, ni à ceux qui, à l’autre bout du quartier, voisin·e·s, maraîcher·e·s, ami·e·s cultivent et se battent pour préserver quelques hectares de précieuses terres maraîchères. Enfin, nous ne cesserons pas d’encourager la naissance d’autres espaces qui échappent aux logiques marchandes et à l’urbanisme aseptisé.
Le déménagement, ce sera aussi célébrer ce que nous avons vécu ici avec les groupes, collectifs et compagnons.ne.s de route qui ont écrit l’histoire du lieu. Avis à tou.te.s pour un traditionnel festival printanier et une grande fête à l’automne prochain !
Les Tanneries – ce que nous sommes et serons !
Les Tanneries sont nées d’une occupation, en octobre 1998, de locaux industriels laissés à l’abandon par la mairie de Dijon. Depuis 15 ans, nous nous sommes employé·e·s à restaurer, construire et aménager ces espaces (à nos seuls frais). Pendant toutes ces années, quelle que soit la couleur de la municipalité, nous avons dû lutter, à diverses reprises, pour garantir que le lieu ne soit pas expulsé. Le soutien a toujours été fort à Dijon et au-delà en Europe, au gré des manifestations, concerts de rues et autres occupations. Alors que les structures autogérées sont quasi systématiquement réprimées et donc instables, les Tanneries sont un des trop rares exemples de projet qui a pu s’inscrire dans le temps. Il est à ce titre un maillon fort de dynamiques indépendantes et contestataires. Pour garantir sa liberté, le lieu a toujours fonctionné sans subventions ni sponsors, sans salariat ni profits.
Les Tanneries ne se vivent pas comme une alternative qui se construirait sans bousculer les pouvoirs en place. Si nous sommes là, c’est pour chambouler la société et lutter ! Les Tanneries se veulent donc un espace de convergence enraciné dans des luttes locales (soutien aux migrant-e-s, occupation de terres et agriculture urbaine, refus de la vidéosurveillance ou du fichage biométrique, antifascisme…), des solidarités à distance (des squats de partout à la zad de Notre Dame des Landes), autant que dans des mouvements plus larges d’émancipation.
L’espace autogéré des Tanneries, c’est une salle de concert accessible à tou·te·s, attirant de multiples groupes locaux et internationaux chaque année ainsi que des centaines de personnes chaque semaine. Le soutien à des cultures hors-normes et insoumises, sans retours comptables, est un des piliers fondateurs du lieu – tout autant que le fait de permettre à tou·te·s de faire la fête pour presque pas un rond, sans être entouré de vigiles et de pubs pour boissons gazeuses dans un triste décor de hall de gare. Dans une société où se rejouent chaque jour les mêmes spectacles, de plus en plus aseptisés, cette singularité de sueur et de son mêlés explique un certain attachement tenace aux soirées des Tanneries.
Les Tanneries c’est aujourd’hui une bibliothèque et un centre d’archives, des locaux de répétition, un espace de cuisine collective, des projets de médias indépendants, une salle de sport, un cinéma, des ateliers, de l’impression et de la sérigraphie, un cybercafé, une friperie, des salles de réunions. L’espace accueille de nombreux collectifs et associations, à partir du moment où ceux-ci se reconnaissent dans l’éthique du projet. C’est aussi un lieu de vie collective en rupture avec l’isolement et l’atomisation des individus. C’est un centre de ressources qui permet à des collectifs de venir s’installer quelques temps pour fabriquer une revue contre l’âgisme, une cabane pour un territoire en lutte, ou proposer 3 jours de tatouages et modifications corporelles en soutien aux embastillés.
Les Tanneries offrent des outils pour nous confronter à nos idées et les réaliser. Nous cherchons à éclater les barrières entre la « vie personnelle » et le « monde politique », à nous organiser par le biais d’assemblées horizontales plutôt qu’autoritaires et pyramidales. Nous voulons construire nous-mêmes et changer nos vies, ici et maintenant. Nous remettons en cause les logiques marchandes et l’accumulation de biens pour prôner la propriété d’usage et de joyeux partages. Nous croyons, contre vents et marées, qu’il est possible d’oeuvrer à l’avènement d’un monde qui ne se base pas sur une machinerie industrielle et gestionnaire, sur la peur et les appétits sécuritaires, ou sur des dominations et rejets racistes, sexistes, homophobes…
Comme tous ces lieux construits envers les normes environnantes, les Tanneries constituent un espace unique, fruit des rêves, des complicités, des rencontres, de la combativité de tant de gens. Son histoire est celle de plusieurs générations, ses murs en reflètent les joies et les rages, les aventures et les passions… Si nous nous dirigeons aujourd’hui vers un autre foyer, nous faisons le défi de transférer ensemble cette histoire et ces assises matérielles.
Appel à dons pour le déménagement de l’Espace autogéré des Tanneries à Dijon
Les Tanneries déménagent après 15 ans sur le bvd. de Chicago. Ancré dans l’éthique autogestionnaire, nous n’avons cessé d’aménager les actuelles tanneries avec les moyens du bord, le recyclage, l’ingéniosité et la solidarité des un.e.s et des autres en se donnant le temps nécessaire. Dans le cadre de ce démènagement, nous tenons cependant absolument à assurer une continuité et à ne pas mettre les Tanneries et nos engagements collectifs en stand-by pendant des années. Nous comptons bien à partir du déménagement être en chantier collectif permanent et le nouvel espace ne pourra exister qu’avec les coups de mains, les talents, expertises et la présence sur place de pas mal d’entre vous.
Nous devrons aussi acheter un certain nombre d’outils et matériaux pour mettre en place les nouvelles Tanneries. Nous allons (re)construire une cuisine collective, une bibliothèque et un centre d’archivage des luttes, des espaces de projection, de travail, d’informatique, de sérigraphie, d’imprimerie, d’exposition, de réunions, des lieux de vie collective et d’accueil… Il nous faudra transporter des décamètres cubes de barda, poser des réseaux électriques, incendie, des canalisations, des cloisons, du chauffage, aménager les jardins extérieurs et rendre le tout chaleureux et beau. Nous estimons le coût des fournitures nécessaires à ces travaux à plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Nous avons fonctionné jusqu’ici sereinement en brassant très peu d’argent et notre compte se maintient glorieusement peu ou prou à zero depuis quinze ans. Pour assurer l’avenir du lieu sans changer de lignes de fonctionnement et garantir notre indépendance, nous ne voulons pas rentrer maintenant dans un système de crédit et dettes, encore moins aller à la pêche aux sponsors privés ou aux subventions publiques ou rendre moins accessibles nos activités.
Les Tanneries sont un lieu qui a pu et continuera à pouvoir faire régulièrement des soirées de soutien en tout genre. Une fois n’est pas coutume, c’est aujourd’hui à notre tour de demander un soutien financier ponctuel mais conséquent pour mettre en œuvre les travaux nécessaires au relogement. Nous lançons donc un appel à dons autant à tous les usagers réguliers du lieu qu’à des personnes ou groupes plus éloignés géographiquement, mais qui perçoivent néanmoins l’importance de pérenniser des espaces autogérés. Si chacun contribue, même un peu, on devrait s’en sortir. Nous avons besoin de réunir les sommes nécessaires dès maintenant pour envisager les travaux sans trop d’inquiétudes et payer les premières factures.
Nous tiendrons chacun-e au courant de la préparation et de la réalisation des chantiers à venir.
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Les dons sont à adresser à l’association “les Tanneries”. Ils peuvent être transmis en liquide, par chèque à l’ordre “les Tanneries” ou par virement bancaire sur le compte de l’association : “les Tanneries” – crédit coopératif – iban FR76 4255 9000 1521 0274 41000 475
Vous trouverez un bulletin de don ici :
http://tanneries.squat.net/doc/tanneries2-appel_a_dons.pdf
L’association “les Tanneries” poursuivant un but d’intérêt général, les dons sont déductibles des impôts à hauteur de 66 % (dans la limite de 20% du revenu imposable). Sur un don de 100 € sur une année, 66 € seront donc déduit du montant à payer aux impôts. Un reçu fiscal édité par l’association sera remis en début d’année pour justifier les dons pour la déclaration d’impôts de l’année précédente.L’association “les Tanneries” poursuivant un but d’intérêt général, les dons sont déductibles des impôts à hauteur de 66 % (dans la limite de 20% du revenu imposable). Sur un don de 100 € sur une année, 66 € seront donc déduit du montant à payer aux impôts. Un reçu fiscal édité par l’association sera remis en début d’année pour justifier les dons pour la déclaration d’impôts de l’année précédente.