Deux articles parus les 6 et 10 mars 2015 sur le site Passeurs d’hospitalités:
– LES VIOLENCES POLICIÈRES S’AGGRAVENT
Vendredi 6 mars 2015
Il y a deux nuits, six fourgons de CRS entourent le squat des Égyptiens, où habitent une cinquantaine de personnes, dont une quinzaine de mineurs.
La même nuit, trois fourgons de CRS dans l’impasse des Salines, qui conduit au squat Galou. Des exilés doivent rester une heure et demi alignés contre le mur, sous prétexte de « contrôle d’identité ».
Les contrôles au faciès se multiplient dans les trains en gare, conduisant ou non à des arrestations. S’accompagnant ou non de fouilles, ou de situation surprenantes, comme obliger une personne à enlever ses chaussures et ses chaussettes dans le hall de la gare. Les policiers sont agressifs avec les personnes qui leur demandent pourquoi ils contrôlent certaines catégories de personnes et pas d’autres, ou qui prennent des photos.
Quand à la situation aux approches du port, déjà particulièrement violente, elle empire de manière alarmante, comme le montre ce témoignage d’une bénévole, datant d’hier :
« La police à nouveau enragée ? Visite ce matin au Bois Dubrulle vers 11h… des réfugiés sont de retour de l’autoroute où il y a un ralentissement donc beaucoup de tentatives des réfugiés pour monter dans les camions. La police frappe à tour de bras même sur les adolescents de 12, 13 ans… plaies et bosses, peut-être un bras cassé… Médecins du Monde que j’ai tout de suite appelé devait venir prendre en charge les blessés. Un jeune de 13 ans a été frappé par des policiers alors qu’il était maintenu en suspension par d’autres par les bras et par les pieds… allons nous encore supporter ça longtemps ? Il semblerait que les forces de police aient été relevées récemment et que la baston dure depuis 2 jours… ASSEZ ! »
– VIOLENCES POLICIÈRES : CONFIRMATION
Mardi 10 mars 2015
L’évolution de la situation confirme l’aggravation des violences policières constatée ces derniers jours.
Après avoir facilité le passage de la frontière et proposé un hébergement aux demandeurs d’asile pour diminuer le nombre d’exilés présents à Calais (et leur nombre a effectivement baissé de moitié depuis novembre), les autorités ont maintenant recours à la pression, au harcèlement et à la violence pour faire partir les gens, sans doute encore trop nombreux pour procéder de manière confortable à l’évacuation des squats et campements promise pour fin mars – début avril.
Contrôles sur le chemin menant aux distributions de repas au camp Jules Ferry, accompagnés ou non d’arrestations et de violences (constatés et témoignages d’exilés), gazages autour du campement du chemin des Viviers, derrière Leader Price (constatés par des bénévoles et témoignages d’exilés), contrôles accompagnés ou non de violences autour du squat Galou (constatés par des bénévoles et témoignages d’exilés), descentes de police et violences au squat des Égyptiens (constatées par des bénévoles et témoignages d’exilés) : nous constatons ces derniers jours que le harcèlement et la violence se resserrent autour des lieux de vie des exilés.
C’est également le cas au centre-ville, à la gare ou au centre commercial des 4B, ou au fil des rues, de manière à dissuader les exilés de venir en ville.
Parmi les victimes de ce harcèlement, les demandeurs d’asile qui sont dissuadés de se rendre aux bureaux des associations qui les accompagnent. Des mineurs que l’Aide Sociale à l’Enfance refuse de prendre en charge. Et de manière générale les exilés qui se sentent coupés de la ville.
En attendant la violence des expulsions et ce qui suivra, une chasse à l’homme visant à éloigner les exilés du regard du public, les autorités déploient la seule chose qu’elles sachent faire face à un problème qu’elles ont elles-mêmes créé : la violence encore.