Calais: Sudanese jungle evicted by the police (en/fr)

2014-04-11_Calais_Sudanese_jungle_eviction

 

This morning at around 6am, as the sun came up, the camp known as the Sudanese jungle was evicted by the police. Following a tip off received this week suggesting the camp would be evicted and after speaking to the community who lived there, people in the camp and of the no borders collective were there doing morning watch.

The police came in incredibly large numbers, there were around 30 to 40 vehicles that came to carry out the eviction. Around 18 cars, 12 CRS vans and 6 arrest vans. They came to the jungle from four different directions, lining the motorway, to catch people that were running away. However, many people managed to avoid arrest and escape, because they had warning from the morning patrols that the police were on their way.

Because it is difficult to get near to big police actions like this, we do not know exactly how many people were arrested. At the moment we think that it was between 10 and 15. One person was not living at the camp, but was arrested for refusing to show their ID.

With a van people of the no borders collective managed to collect a lot of the tents, blankets and bicycles from the camp, before they were taken by the council workers. Some workers from the local charities showed up late but did not help collecting people’s materials.

One official was there chatting about human rights and saying he had agreed everything in advance with Jean-Claude Lenoir, of Salam, that the associations would be able to collect people’s stuff after the operation. However that seems entirely dubious because there was a load of cleaning workers throwing everything randomly in a big container headed for the dump.

There are now around 30 people from the camp that have lost their home in Calais. In the coming days we will be speaking to these people about their plans for what they would like to do now, but for now we are waiting for the release of our friends and are resting from the early morning wake up call.

If you are coming to Calais this weekend for the demonstration, or in the next couple of weeks, it would be very useful if you bring tents or sleeping bags to replace what has been lost today.

Published on https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/2014/04/12/evicition-of-camp/

 

Calais: Destruction du campement des Soudanais

 

Deux jours avant la manifestationprévue par l’extrême-droite à Calais, le préfet choisit de détruire le campement des Soudanais, près du chemin du Vivier, aux marges du quartier du Fort Nieulay.

Sureffectif policier, présence du sous-préfet, communication en direction des médias : il s’agit d’une expulsion – spectacle. Le message pour les militants d’extrême-droite est “vous voulez la destruction des squats et des campements, nous le faisons. Le gouvernement fait la politique que vous voulez”. Du côté des contre-manifestants, la réaction ne peut être que la rage, et si cette rage se traduisait par des violences, elle serait aussitôt utilisée contre les militants No Border, les associations et les exilés.

Il y a de grandes chances que l’expulsion soit illégale, c’est-à-dire que la police ait raflé les personnes présentes, puis que la mairie ait détruit les habitations en leur absence, sans qu’aucun jugement d’expulsion n’ait été rendu. Dans le cadre légal, un jugement est signifié aux occupants, avec un délais pour quitter les lieux, et le concours de la force publique n’intervient que s’ils refusent de partir. L’État est d’ailleurs poursuivi en justice pour avoir utilisé cette méthode contre un squat route de Saint-Omer (le jugement, mis en délibéré, sera rendu public le 16 avril).

Il semble que la manifestation de l’extrême-droite soit finalement interdite. Mais une partie des manifestants seront probablement présents à Calais, des contre-manifestants aussi, et quelques dizaines d’exilés ont été jetés à la rue : tous les ingrédients sont en place pour que des violences aient lieu. Et violences il y a, le préfet l’utilisera pour renforcer la présence policière, et les exactions qui l’accompagnent.

Il est bien loin, le temps où l’État se voulait au service du bien public.

Calais_Chemin_du_Vivier_campement_Soudanais
Chemin du Vivier. À l’emplacement de ce terrain vague qui sert de dépotoir sauvage se trouvait une fermette abandonnée. Elle a été squattée par des Africains de l’est jusqu’à son évacuation le 12 septembre 2012, suivie de sa destruction.

Calais_Chemin_du_Vivier_campement_Soudanais
Juste à côté, un groupe d’Africains de l’est s’installent le 8 juin 2013, après l’évacuation d’un squat rue des Salines. Ils avaient appelé leur campement “Hôtel Africa”. Ils en ont été expulsés le 8 juillet, et le campement avait été détruite dans la foulée. Sans jugement : les habitants ont été arrêtés pour occupation illégale, placés en garde-à-vue, affaire classée sans suite, quand ils sont rentrés, le campement avait été rasé.

Calais_Chemin_du_Vivier_campement_Soudanais
Dissimulée à l’intérieur de ce buisson, une cabane de l’Hôtel Africa était seulement endommagée. Elle a pu être réparée. Elle a été détruite lors d’une des destructions du campement qui s’est reconstitué aux alentours, disséminé dans les buissons.

Calais_Chemin_du_Vivier_campement_Soudanais
L’emplacement de la cuisine, détruite ce matin. C’est la cabane où les habitants se retrouvaient autour du feu, préparaient leur repas, buvaient le thé.

Calais_Chemin_du_Vivier_campement_Soudanais
Les traces de la pelleteuse nous mènent vers les autres destructions.

Calais_Chemin_du_Vivier_campement_Soudanais
Au fil des destructions, les cabanes s’étaient dispersées à l’abri des buissons.

Calais_Chemin_du_Vivier_campement_Soudanais
Un peu plus loin.

Calais_Chemin_du_Vivier_campement_Soudanais
Calais_Chemin_du_Vivier_campement_Soudanais
Calais_Chemin_du_Vivier_campement_Soudanais
Sur la dalle de béton, c’est la trace des griffes de la pelleteuse qui marque l’emplacement d’une habitation.

 Calais_Chemin_du_Vivier_campement_SoudanaisTraces de la vie quotidienne : brosses à dent, gobelet, carte téléphonique, rasoir…

Calais_Chemin_du_Vivier_campement_Soudanais
Un habitant qui apprenait le français.

Calais_Chemin_du_Vivier_campement_Soudanais

[Publié le 11 april 2014 sur le blog Passeurs d’hospitalités]