Text by A.Theofilou concerning the trial which will begin on June 10th at the 3rd three-member felonies appeals court (Loukareos street) in Athens.
1.
In September 2009 begin the first arrests with the pretext of the “dismantling” of the CCF, inaugurating the method of penalizing personal relations between anarchists and distributing arrest warrants like flyers. A tactic aimed at hurting not only the CCF, but the whole of the anarchist movement. Essentially, the oppressive mechanisms will use this specific organization as a reason to attack the anarchist movement spreading fear and insecurity in its interior.
In October of the same year the Ministry of Public Order will be renamed to the Ministry of Protecting the Citizen. A fact which will awkwardly be interpreted as a self-conscious embellishment. But the timing of this name change is not accidental. The period, that is, that the middle class is abruptly losing its privileges and rights deducting the substance of the status of citizen to that of a subject. The ministry in question is responsible now to protect only a small guild of rulers and capitalists who do not want to abandon their privileges.
Within the next few years a lot will change but the most important will be the complete abandonment of the Keynesian model and the transformation of labour from a right into privilege. The authority of Capital is not in a position to offer the middle class dream anything but oppression. The carrots are not even enough for motives any more and only the whip can give a solution.
The breakout of the crisis, which was brewing since the end of the ’70s, leads the capitalistic order, in its attempt to preserve its profits, to tactics of crude accumulation and colonial policies even in the interior of the Western World. Since it cannot achieve profits through the Holly Growth, it indulges in looting. Thus, the authority of Capital is militarized. It militarises labour, by conscripting workers. It militarises the oppression, using the EKAM (special forces) with insignificant pretexts. It militarises Justice, applying special laws for the political spaces which resist.
Special laws, which for the time being are applied on the anarchist movement and tomorrow will be applied onto any Brechtian variation. Special laws, which say that it is enough that an anarchist is targeted by the anti-terrorist force in order for them to be found wrapped in hollow but massive indictments.
2.
My prosecution is placed in this political conjuncture. A prosecution based on the statutory of an anarchist and the tactic of penalization of their personal and political relations.
A prosecution which on one leg, that of participation in the CCF, is “based” on my social contact with anarchist comrade and friend Kostas Sakkas. The interesting part is, that he himself also denies his participation in this specific organization. The antiterrorist also presents me, falsely, offering counter-surveillance measures at Agrinio bus station to another accused for the same case, who, just for history, also denies his participation in the organization.
On the other leg, my prosecution concerns my, by imagination of the anti-terrorist, participation in the robbery of Alfa bank in Paros and the deadly injury of a citizen who tried to stop the escape of the robbers. A prosecution with sole evidence a dna sample taken from a mobile object (hat) near the bank, evidence which does not mean I was present at the robbery and for which I dispute the accuracy of the procedure of collection and analysis of the sample.
On June 10th, therefore, I am called to appear at the 3rd three-member felonies appeals court on Loukareos street (athens) accused of participation in the CCF and additionally that as a member of this specific organization I participated in the robbery of Alfa Bank in Paros. Charges which I denied since the first moment.
Going against heavy charges in a massive indictment full of guesses by the antiterrorists about my way of life and completely empty, of course, of any evidence.
3.
Trials are not theatrical plays. They are however rituals. Rituals, where the authority of Capital replaces what it defines as Justice when it considers that it has been disturbed. Rituals where social associations are crystallized. In this specific trial, the stakes among others, is so much the institutionalization of the penalization of political spaces and struggles as much as the personal relations of social fighters. The stabilization of a situation, where whoever resists will be liable to authority not only for their identity as a resister but for all the expressions of their social life. Or otherwise the stabilization of a situation, where if someone is an anarchist is on its own a guilt criterion.
All that will be left is that every friendship between anarchists will be characterized as participation and integration in a terrorist organization.
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Athènes : Texte de l’anarchiste Tasos Theofilou à propos de son procès + mise à jour
Athènes : Texte de l’anarchiste Tasos Theofilou à propos de son procès qui a commencé le 10 juin 2013 à la cour d’assise d’appel de Loukareos.
À propos du procès…
1.
En septembre 2009, les premières arrestations eurent lieu sous le prétexte de “démanteler” la CCF, inaugurant la méthode de pénalisation des relations personnelles entre anarchistes et distribuant les mandats d’arrêts comme des flyers. Une tactique voulue pour frapper non seulement la CCF mais aussi le mouvement anarchiste dans son ensemble. Les mécanismes répressifs utiliseront essentiellement cette organisation précise comme prétexte pour attaquer le mouvement anarchiste, y répandant la peur et l’insécurité.
En octobre de la même année, le Ministère de l’Ordre Public sera renommé en Ministère de la Protection du Citoyen [1]. Un fait qui sera interprété avec gêne comme un mieux. Mais ce changement de nom n’arrive pas par hasard. C’est la période où la classe moyenne perd abruptement ses privilèges et droits : son statut de citoyen est réduit à celui de sujet. Le Ministère en question est maintenant responsable de la protection d’une petite caste de dominants et de capitalistes qui ne veulent pas abandonner leurs privilèges.
Dans les années qui suivent, beaucoup de choses changent mais le plus important sera l’abandon complet du modèle Keynésien et la transformation du travail de droit en privilège. L’autorité du Capital n’est pas en position d’offrir le rêve de la classe moyenne mais seulement l’oppression. Les carottes ne réussissent plus à motiver et le fouet reste seul en mesure de donner une solution.
Le déclenchement de la crise qui se préparait depuis la fin des années 70 a mené les capitalistes, dans leur tentative de préserver leurs profits, aux tactiques d’accumulation primitive et de politiques colonialistes à l’intérieur même du monde occidental. Puisqu’ils ne peuvent faire de profits à travers le Saint Développement, ils conduisent au pillage. Ainsi, l’autorité du Capital se militarise. Le travail se militarise en enrôlant les travailleurs. La répression se militarise en utilisant les EKAM [2] même pour des prétextes insignifiants. La justice se militarise, appliquant des lois spéciales pour les espaces politiques qui résistent.
Lois spéciales qui pour l’instant sont appliquées contre le mouvement anarchiste et le seront demain contre chaque variation brechtienne. Lois spéciales qui disent qu’il est suffisant pour un anarchiste d’être pris pour cible par la force anti-terroriste pour être classé dans des dossiers juridiques creux mais volumineux.
2.
Mes poursuites judiciaires se placent dans cette conjoncture politique. Les poursuites basées sur le statut d’anarchiste et la tactique de pénalisation de ses relations personnelles et politiques.
D’un côté il y a des accusations, comme celle de la participation à la CCF, qui sont basées sur ma relation personnelle avec le compagnon anarchiste et ami Kostas Sakkas. Ce qui est intéressant est qu’il nie également sa participation à cette organisation. L’antiterrorisme me présente de plus, à tort, comme offrant un service de contre-surveillance à l’arrêt de bus d’Agrinio à un autre accusé dans la même affaire qui, juste pour l’histoire, nie aussi sa participation à l’organisation. [3]
D’un autre côté, les accusations à mon encontre concernent ma participation, dans l’imaginaire de l’antiterrorisme, au braquage de l’Alpha Bank de Paros et à la blessure mortelle d’un citoyen qui a tenté d’arrêter la fuite des braqueurs. Des accusations avec comme seule preuve un échantillon d’ADN pris sur un objet mobile (un chapeau) près de la banque, élément qui ne signifie en rien que j’étais présent lors du braquage et dont je conteste la validité de la procédure de prise et d’analyse de l’échantillon.
En conséquent, le 10 juin, je suis appelé à comparaître à la 3ème cour d’assise en appel, à trois membres et sans jury dans la rue Loukareos (à Athènes), accusé de participation à la CCF et en outre d’être complice, en tant que membre de cette organisation précise, du braquage de l’Alpha Bank de Paros. Accusations que je réfute depuis le début.
Je vais donc contre de sévères accusations dans une mise en inculpation pleine d’invités de l’antiterrorisme sur mon train de vie, et totalement vides, bien sûr, de toute preuve.
3.
Les procès ne sont pas des pièces de théâtre. Ils sont malgré tout des rituels où l’autorité du Capital remet en place ce qu’il définit comme la justice quand il estime qu’elle a été troublée. Rituels où les relations sociales sont cristallisées. Dans ce procès précis, le but est autant l’institutionnalisation de la pénalisation des espaces politiques et des luttes, que des relations personnelles des combattants sociaux. La stabilisation d’une situation où quiconque résistera sera pour l’autorité responsable non seulement son identité de résistant mais aussi toutes les facettes de sa vie sociale. Ou alors la stabilisation d’une situation où si quelqu’un est anarchiste, cela suffit de lui-même pour être une preuve de culpabilité…
Tout ce qui reste est que chaque amitié entre anarchistes sera caractérisée comme participation et intégration dans une organisation terroriste.
Tasos Theofilou.
Traduit du grec par nos soins de astop.
Le procès de Tasos Theofilou a été reporté au 11 novembre 2013. La décision a été prise par les trois membres de la cour d’assises en appel après une demande déposée par les avocats de la défense Spiros Fitrakis et Anni Paparousou, tandis que le procureur était aussi pour ce report.
La présence des flics à l’extérieur de la cour était forte et, pour la première fois, des contrôles d’identité ont été effectués sur ceux qui entraient. C’était un spectacle destiné à effrayer les gens présents, mais ensuite les contrôles ont cessé et les compagnons venus en solidarité ont pu entrer et sortir sans aucun problème.
Notes
[1] Équivalent du ministère de l’Intérieur en France.
[2] EKAM : Forces spéciales de la police grecque.
[3] Dans les recherches des flics pour prouver que Tasos faisait bien partie des braqueurs de l’île de Paros et qu’il est membre de la Conspiration des Cellules de Feu, se trouvent des procès-verbaux de surveillances et filatures de membres présumés de la Conspiration, entre autres d’une rencontre à l’arrêt de bus d’Agrinio le 30 novembre 2011. Il y est écrit que Tasos y a rencontré un autre membre de l’organisation puis a fait le guet en marchant dans les environs le temps que ce dernier prenne un taxi. Bien sûr, ceci est la version des flics et des juges (qui ont donné les PV aux médias) et n’est donc absolument pas à prendre comme vérité. Le fait est que Tasos Theofilou a toujours nié avoir fait partie de la Conspiration des Cellules de Feu.
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