« Je reviendrai tout casser ! »
Dans la nuit du 21 mars 84, Jean M., un chômeur
de 49 ans, a saccagé les bureaux des Assedic
de Rennes, qui refusaient de lui donner
l’argent qu’il en attendait. Terminaux d’ordinateurs,
téléphones, machines à écrire et à
calculer, sanitaires broyés par dizaines à la
masse. Tous les dossiers qui traînaient là ont
été bousillés à coups d’extincteur.
De la belle ouvrage !
Ce que Jean M. a fait, nous sommes des centaines
et des milliers à avoir eu envie de le
faire.
À avoir encore envie…
Pas question pour nous de pleurer misère !
Pour tout le temps perdu au travail (même si
ce n’est que 3 mois afin de toucher ensuite
les Assedic), pour notre jeunesse usée à ça,
la société et l’État nous doivent une rançon !
Nous refusons toute idée d’une vie qui serait
fatalement réduite au minimum vital.
La nécessité de l’argent absorbe notre vie.
Elle nous bouffe la cervelle, elle nous bouffe
les couilles. À présent, voilà que l’État, en
accord avec les patrons et les bureaucraties
syndicales, a décidé de réduire les misérables
allocations-chômage et de couper les vivres à
ceux des chômeurs qui n’ont visiblement pas
l’intention de retourner au chagrin.
On ne se privera pas pour autant. Aux employés
des Assedic qui font les flics, qui s’identifient
à l’argent de l’État et nous coupent les
allocations : AVIS !
Pour le reste, c’est-à-dire pour l’essentiel,
on saura se servir. Sans payer.
Des chômeurs-à-vie,
fin mars 84.
[Tract diffusé à Nantes
puis à Paris et au
Havre dans les
ANPE ainsi qu’à
Marseille dans la
banlieue.]
Extrait de Os Cangaceiros N°1, Janvier 1985.
http://www.non-fides.fr/spip.php?auteur84