*Now or never!* – Calais

2014-02_Calais_campement_bassin_de_la_Batellerie

Everyone come to Calais May 27th or in the night of the 26th!!!!*

The authorities have decided to destroy the three main camps, which shelter around 700 people. The only prospect for the inhabitants: a pill against scabies and life in the street! There can be no question of repeating the events of 2009, when the eviction of the Afghan jungle resulted in the arrest of hundreds of migrants, their detainment all over France and attempts to deport them to Afghanistan.

There can be no question, after five years of persecution, of starting all over again from zero, while the machine of repression gears up once more. Never again!

Last September, the yearly season of raids and evictions, the authorities collided with the courage and determination of the Syrian community of Calais, who, to oppose this repression, fought back by occupying the port. Some of us remember those images, in which two of them can be seen on the roof, threatening to throw themselves into the void to ward off the cavalcade of CRS determined to evict them. And of the CRS giving up, standing idly by, powerless spectators of the courage and determination of those who they could not defeat…

These refugees from Syria demanded the right to come and go freely, to be treated like human beings, and even if they were not able to cross to England, their struggle resulted, at the very least, in the many tents of the ‘Syrian camp’. Named in reference to this episode, the camp has been able to hold out until now. The police have been forced to harass the camp more discretely, fearing a new wave of radical contestation. It is this ‘Syrian camp’ and those it inspired who are threatened today, but also the camp under the bridge. The Eritreans, who where evicted from their house in mid-October, decided to create a camp below the bell tower of the Town Hall. What courage, to set up camp under Bouchart’s very nose, who had no choice but to see the inhuman consequences of her racist policies.

To let these camps be destroyed with impunity would be an insult to the memory of this exemplary struggle, for which some were ready to give their lives. To allow, in silence, a horde of CRS trample these spaces of life, resistance and solidarity, would mean to forget what the Syrians were fighting for, people whom many of us know, who have faces and names, who are resisting and jamming the works of the mechanisms of destruction and dehumanization to which they are subjected.

We must pay homage to their courage and their determination. The Syrians have shown us the way, given us insight into the power of resistance and the fear that we are all capable of instilling in our oppressors, taking ground piece by piece. They took the risk at the beginning, demonstrating that they are ready to pay whatever price that respect and dignity might cost.

Right now, in the camps, there are migrants of all nationalities, who give life to these spaces of resistance every day. We should fight to hold onto these spaces of struggle, which the authorities want nothing more than to destroy, harass and render invisible until the migrants ask nicely to go home. Only struggle pays off!

We call for everyone to come to Calais on the night of the 26th and the morning of the 27th to resist the eviction of the camps! There was a time when we were isolated and powerless in the face of their repression, but now, after five years of struggle, we have all the means necessary to make a network of action. So let’s mobilize in force! Come fight along side the migrants!

*We must beat the authorities and it’s now or never!*

https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/2014/05/26/now-or-never/

Calais: Expulsions annoncées, où en est-on?

Les mesures annoncées mercredi par le préfet du Pas-de-Calais concernant la destruction des campements se précisent au fil des jours. L’imprécision laisse place à l’improvisation, voire au bricolage.

La date avait filtré dans le Figaro dès jeudi et a été confirmée ce week-end par la presse locale : mardi 27 mai, au matin (apparemment 6h pour le Bassin de la Batellerie et 8h rue Lamy). Les associations apprennent la majorité des détails par la presse, puisqu’il n’y a aucun dialogue de la part des autorités.

Les campements

Les trois campements visé se sont le résultat de la dernière vague d’expulsions de septembre et octobre 2013. Ils ont été alimentés par les expulsions qui ont eu lieu entre temps, notamment celle du campement des Soudanais le 11 avril dernier.

Une poignée de tentes s’est progressivement installée à l’angle de la rue Lamy et du boulevard des Alliés en septembre 2013 suite à la série d’expulsions qui avait commencé le 5 septembre par le squat de la rue Mouron. C’est vraiment devenu un campement lorsque les exilés syriens ont mis fin à leur mouvement dans le port de Calais le 4 octobre et se sont installé là.

La place Henri Barbusse est située à quelques centaines de mètres de campement de la rue Lamy. Quelques tentes se sont installée là début octobre, peu après la constitution du campement voisin, sur une pelouse entourée d’une haie sur trois des côtés. Les tentes sont devenues cabanes. Ont habité là des Syriens, des Pakistanais, des Afghans.

Le campement du bassin de la Batellerie s’est constitué suite à l’expulsion du squat de la Rue neuve, qu’habitaient environ soixante-dix personnes. Le nombre d’habitants augmente rapidement depuis quelques semaines, avec notamment l’arrivée de nombreux mineurs.

Les conditions juridiques de l’expulsion

Aujourd’hui lundi, veille de l’expulsion, aucune décision d’expulsion n’a été signifiés aux habitants des campements. Légalement la décision qu’ils doivent quitter les lieux doit leur être signifiée, et la force publique ne devrait intervenir que s’ils ne le font pas. Pour ce qui est des constructions qu’ils ont édifiées et qui leur servent de domicile, ils devraient aussi être mis en demeure de les démontrer ou de les détruire, la destruction par un tiers n’intervenant que si les occupants ont refusé de faire place nette dans les délais impartis.

Pour l’instant, le préfet a annoncé une expulsion, la police est mobilisée, on n’a aucune trace de la procédure juridique suivie. Y a-t-il eu un jugement ?

La gale

La chose suivante semble se dessiner : le traitement sous forme de cachet sera proposée lors de la distribution de repas de ce lundi à 18h. Tout le monde ne venant pas à la distribution de repas, une partie des personnes sont donc d’emblée exclues. Une douche devrait être proposée mardi matin au moment de l’expulsion (avec distribution de vêtements propres ?) Ce ne sont donc pas nécessairement les personnes qui auront pris le traitement la veille qui prendront la douche le lendemain, et on ne sait pas vraiment qui va accepter de monter dans les bus au moment de se faire expulser par la police.
Sur la gale et son traitement, voir ici

Les demandeurs d’asile

Un hébergement devrait être proposé aux demandeurs d’asile qui le souhaitent, selon les places disponibles dans toute la France. Le succès de ce genre de proposition, faite dans le stress de l’expulsion, entourés par la police, pas toujours avec les bons traducteurs, a été variable par le passé. L’hébergement des demandeurs d’asile n’est pas pour l’État une option à activer en cas d’expulsion, mais une obligation à partir du moment où la personne dépose sa demande d’asile.

Le retour “volontaire”

Un hébergement devrait également être proposé aux personnes qui choisissent de rentrer volontairement dans leur pays. Mais s’agit-il de retour volontaire s’agissant de personnes qui viennent de tout perdre en un instant.

Les mineurs

Les mineurs qui l’acceptent seront emmenés dans un centre de loisir à Olhain, à une quinzaine de kilomètres de Béthune. Aucune mesure de protection ne sera prise concernant ceux qui ne le voudront pas. Le conseil général, qui est en charge de la protection de l’enfance, a appris la nouvelle par les journaux, et a donc interpelé le représentant de l’État pour savoir dans le cadre de quel type de mesure ces mineurs allaient être pris en charge. La réponse est qu’il s’agit du dispositif de mise à l’abri financé par l’État pour une durée de cinq jours maximum. Rien n’est précisé pour la suite.

Comment en est-on arrivé là ?

Dès l’automne 2012, l’État a souhaité renouer le dialogue avec les associations concernant la question des exilés. S’en ai suivi une série de réunions, sans grand débouché concret. Suite à la visite de Manuel Valls à Calais en décembre dernier, des diagnostic site par site ont été annoncés pour l’année 2014, devant en principe déboucher sur des améliorations. Lorsque le jugement d’expulsion du squat de l’avenue Victor Hugo, qui accueille des femmes et des enfants, a été rendu, le préfet a annoncé que les habitantes ne seraient pas expulsées sans solution. De fait, une association d’insertion, Solid’R, vient de reprendre la gestion du lieu à la demande de l’État. Un minimum de dialogue semblait possible concernant les campements calaisiens.

Le conseil régional, propriétaire des terrains, avait annoncé qu’il ne demandait pas l’expulsion tant qu’il n’y aurait pas de solution, et parce que la situation découle du Traité du Touquet dont il demande la renégociation. Mais selon plusieurs sources, le conseil régional souhaitait l’expulsion, sans vouloir en porter la responsabilité.

C’est la maire de Calais qui lui a rendu ce service et a demandé publiquement l’expulsion, en profitant pour faire un coup médiatique à dix jours des élections européennes.

Du côté de l’État, il semble que des hypothèses autres que l’expulsion sèche ont été étudiées. L’arbitrage rendu ne va pas dans ce sens. Vu le climat de précipitation et d’improvisation, la décision d’expulser sans solution pour la plupart des gens et d’expulser vite a probablement été prise à Paris. À quel niveau, nous l’ignorons.

[Publié le 26 mai 2014 sur le blog Passeurs d’hospitalités]