Il Est Élu !

arton443-65690

 

fr/en/pt

Par Zo D’Axa (1900)

Durant la période électorale l’affiche-programme fut réellement placardée sur les murailles, et le jour du scrutin le candidat satirique traversa réellement Paris, de Montmartre au quartier Latin, fendant la foule enthousiaste ou scandalisée qui manifestait bruyamment. Boulevard du Palais, l’âne fut dûment appréhendé par la police qui se mit en devoir de traîner son char pour le conduire en fourrière, et s’il n’y eut alors bagarre entre les partisans de l’Âne et les représentatns de l’Ordre, c’est bien ainsi que le contèrent les journaux de l’époque, grâce au rédacteur de la feuille qui s’écria : — N’insistons pas, c’est maintenant un candidat officiel !

 

Bonnes Gens de la Ville,

Électeurs,

Écoutez l’édifiante histoire d’un joli petit âne blanc, candidat dans la Capitale. Ce n’est pas conte de mère l’Oie, ni récit de PETIT JOURNAL.

C’est une histoire véridique pour les vieux gosses qui votent encore :

Un bourriquet, fils du pays de La Fontaine de Rabelais, un âne si blanc que M. Vervoort en a mangé gloutonnement, briguait au jeu électoral un mandat de législateur. Le jour des élections venu, ce bourriquet, candidat-type, répondant au nom clair de Nul, fit une manoeuvre de la dernière heure.
Âne tiré par la foule

Par le chaud dimanche de mai où le peuple courait aux urnes, l’âne blanc, le candidat Nul, juché sur un char de triomphe et trainé par des électeurs, traversa Paris, sa bonne ville.

D’aplomb sur pattes, oreilles au vent, émergeant, fier, du véhicule bariolé de ses manifestes — du véhicule à forme d’urne ! la tête haute entre le verre d’eau et la sonnette présidentielle, il passa parmi des colères et des bravos et des lazzis…

L’Âne vit Paris qui le regardait.

Paris ! Le Paris qui vote, la cohue, le peuple souverain toous les quatre ans… Le peuple suffisamment nigaud pour croire que la souveraineté consiste à se nommer des maîtres.

Comme parqués devant les mairies, c’était des troupeaux d’électeurs, des hébétés, des fétichistes qui tenaient le petit bulletin par lequel ils disent : J’abdique.

Monsieur Un Tel les représentera. Il les représentera d’autant mieux qu’il ne représente aucune idée. Et ça ira ! On fera des lois, on balancera des budgets. Les lois seront des chaînes de plus ; les budgets, des impôts nouveaux…

Lentement, l’Âne parcourait les rues.

Sur son passage, les murailles se couvraient d’affiches que placardaient des membres de son comité, tandis que d’autres distribuaient ses proclamation à la foule :

« Réfléchissez, chers citoyens. Vous savez que vos élus vous trompent, vous ont trompés, vous tromperont — et pourtant vous allez voter… Votez donc pour moi ! Nommez l’Âne !… On n’est pas plus bête que vous. »

Cette franchise, un peu brutale, n’était pas du goût de tout le monde.

— On nous insulte, hurlaient les uns.

— On ridiculise le suffrage universel, s’écriaient d’autres plus justement.

Quelqu’un tendit son poing vers l’âne, rageusement, et dit :

— Salle Juif !

Mais rire fusait, sonore. On acclamait le candidat. Bravement l’électeur se moquait et de lui-même et de ses élus. Les chapeaux s’agitaient, les cannes. Des femmes ont jeté des fleurs…

L’Âne passait.

Il descendait du haut Montmartre, allant vers le Quartier Latin. Il traversa les grands boulevards, le Croissant où se cuisine, sans sel, l’ordinaire que vendent les gazettes. Il vit les Halles où des meurt-de-faim, des hommes du Peuple-Souverain, glanent dans des tas de détritus ; les Quais où des Electeurs élisent les ponts comme logis…

Coeur et Cerveau !… C’était Paris. C’était ça la Démocratie !

On est tous frêres, vieux vagabonds ! Plaignez le bourgeois ! il a la goutte… et c’est votre frère, gens sans pain, homme sans travail et mère lasse qui, ce soir, rentrerez chez vous pour mourir avec les petits…

On est tous frères, jeune conscrit ! C’est ton frère, l’officier, là-bas, corset de fille et front barré. Salue ! Fixe ! la main dans le rang… Le Code le guette … le Code militaire. Douze balles dans la peau pour un geste. C’est le tarif Républicain.

L’Âne arrivait devant le Sénat.

Il longea le Palais d’où le poste sortit en bousculade ; il suivit extérieurement, hélas ! les jardins trop verts. Puis ce fut le boulevard Saint-Michel. À la terrasse des cafés, des jeunes gens battaient des mains. La foule sans cesse grossissante s’arrachait les proclamations. Des étudiants s’attelaient au char, un professeur poussait aux roues…

Or, comme trois heures sonnaiennt, apparurent des gens de police.

Depuis dix heures du matin, de poste en commissariat, le télégraphe et le téléphone signalaient le passage étrange de l’animal subversif. L’ordre d’amener était lancé : Arrêtez l’Âne ! Et, maintenant, les sergens du guet barraient la route au candidat.

Près de la place Saint-Michel, le fidèle comité de Nul fut sommé par la force armée de reconduire son client au plus proche commissariat. Naturellement le Comité passa outre – il passa la Seine. Et bientôt le char faisait halte devant le Palais de Justice.
Âne tiré par les sergents

Plus nombreux, les sergents de ville cernaient l’âne blanc, impassible. Le Candidat était arrêté à la porte de ce Palais de Justice d’où les députés, les chéquards, tous les grands voleurs sortent libres.

Parmi le flot populaire, le char avait des mouvements de roulis. Les agents, brigadier en tête, avaient saisi les brancards et s’étaient passé la bricole. Le Comité n’insistait plus : il harnachait les sergents de ville…

Ainsi fut lâché l’âne blanc par ses plus chauds partisans. Tel un vulgaire politicien, l’animal avait mal tourné. La police le remorquait, l’Autorité guidait sa route… Dès cet instant, ?ul n’était qu’un candidat officiel ! Ses amis ne le connaissaient plus. La porte de la Préfecture ouvrait ses larges battants – et l’âne entra comme chez lui.

…Aujourd’hui si nous en causons c’est pour farie remarquer au peuple, peuple de Paris et des Campagnes, ouvriers, paysans, bourgeois, fiers Citoyens, chers Seigneurs, c’est pour farie assavoir à tous que l’âne blanc Nul est élu. Il est élu à Paris. Il est élu en Province. Additionnez les bulletins blancs et comptez les bulletins nuls, ajoutez-y les abstentions, voix et silences qui normalement se réunissent pour signifier ou le dégoùt ou le mépris. un peu de statistique s’il vous plaît, et vous constaterez facilement que, dans toutes les circonscriptions, le monsieur proclamé frauduleusement député n’a pas le quart des suffrages. De là, pour les besoins de la cause, cette locution imbécile : Majorité relative — autant vaudrait dire que, la nuit, il fait jour relativement.

Aussi bien l’incohérent, le brutal Suffrage Universel qui ne repose que sur le nombre — et n’a pas même pour lui le nombre – périra dans le ridicule. À propos des élections de France, les gazettes du monde entier ont, sans malice, rapproché les deux faits notoires de la journée :

« Dès le matin, vers neuf heures, M. Félix Faure allait voter. Dans l’après-midi, à trois heures, l’Âne blanc était arrêté. »

J’ai lu ça dans trois cents journaux. L’Argus et le Courrier de la Presse m’ont encombré de leurs coupures. Il y en avait en anglais, en valaque, en espagnol ; toujorus pourtant je comprenais. — Chaque fois que je lisais Félix, j’étais sûr qu’on parlait de l’âne.

Zo D’Axa.
La Feuille, Anthologie 1897-1899 (Les Feuilles, parue en 1900).

http://www.non-fides.fr/?Il-Est-Elu

——————————————————————————————————————————

He is elected !

Zo D’Axa (1900)

During the electoral period the poster-program was really pasted up on the walls, and the day of the vote the satirical candidate really traversed Paris, from Montmartre to the Latin Quarter, cutting through the enthusiastic or scandalized crowd that loudly demonstrated. Boulevard du Palais, the ass was duly apprehended by the police, who set themselves to drag him to the pound. As the newspapers of the time reported, if there wasn’t a fight between the ass’s partisans and the representatives of order it’s thanks to the editor of La Feuille who cried out: “Don’t carry on; he’s now an official candidate.”

Listen to the edifying story of a pretty little white ass, candidate in the capital. It isn’t a Mother Goose rhyme, or a story from Le Petit Journal. It’s a true story for the old kiddies who still vote:

A burro, son of the country of LaFontaine and Rabelais, an ass so white that M. Vervoort gluttonously ate it, aspired – in the electoral game – to a place as legislator. The day of the elections having arrived this burro, the very type of a candidate, answering to the name of Worthless, pulled off a last minute maneuver.

On this hot Sunday morning in May, when the people rushed to the polling places, the white ass, the candidate Worthless, perched on a triumphal wagon and, pulled along by voters, traversed Paris, his good city.

Upright on his hoofs, ears to the wind, proudly emerging from his vehicle gaudily painted with electoral posters – a vehicle in the shape of an urn – the head high between the water glass and the presidential bell, he passed through the anger, the bravos and the gibes.

The ass looked on a Paris that gazed on him.

Paris! The Paris that votes, the crowd, the people sovereign every four years…the people sufficiently foolish to believe that sovereignty consists in naming its masters.

As if they were parked in front of the town halls were flocks of voters, the dazed, fetishists who held the little cards with which they say: I abdicate.

Mr. Anyone will represent them. He will represent them all the better in that he represents no ideas. And it’ll be fine. We’ll make laws, we’ll balance the budget. The laws will mean more chains; the budget will mean new taxes…

Slowly the ass went through the streets.

Along the way the walls were being covered with posters by members of his committee, while others distributed his proclamations to the crowd:

“Think carefully, dear citizens. You know that your representatives are fooling you, have fooled you, will fool you – yet still you go to vote. So vote for me! Elect the ass!…I’m not any dumber than you.”

This frankness – a little brutal – wasn’t to everyone’s taste.

“We’re being insulted,” some of them said.

“Universal suffrage is being mocked,” others more accurately cried out.

Someone angrily brandished his fist at the ass and said:

“Filthy Jew!”

But a sonorous laugh broke out. The candidate was being acclaimed. Bravely, the voters mocked both themselves and their elected representatives. Hats waved, canes. Women threw flowers…

The ass passed.

He descended from high in Montmartre towards the Latin Quarter. He crossed the Grands Boulevards, le Croissant where, without salt, the stuff is cooked that the gazettes sell. He saw the Halles where the starving – the Sovereign People – glean piles of rubbish; the quays, where the voters choose bridges as lodgings…

The heart and the brain! This was Paris! This was democracy!

We are all brothers, old vagabonds! Pity the bourgeois! He’s got gout… and he’s your brother, people without bread, man without work, worn out mother who, tonight, will go home tonight to die with the little ones…

We are all brothers, young conscript! It’s your brother the officer down there, with his girl’s corset and forehead covered with bars. Salute! Fix bayonets! In line! The Code awaits you – the military code. Twelve bullets in your skin for a gesture. It’s the republican tariff.

The ass arrived before the Senate.

He rolled alongside the palace, where guards pushed each other on leaving. He continued along the outside (alas!) of the too-green gardens. The he reached the Boulevard St-Michel. On the café terraces people clapped. The crowd, ceaselessly growing, grabbed copies of the proclamations. Students hooked themselves to the wagon; a professor pushed the wheels…

And as three o’clock sounded, the police appeared.

Since 10:00 am, from post to commissariat, the telegraph and the telephone signaled the strange passage of the subversive animal. The order to bring him in was issued: Arrest the ass! Now the city watchmen blocked the candidate’s route.

Near the Place St-Michel Worthless’s faithful committee was summoned by the armed forces to bring the candidate to the nearest commissariat. Naturally, the Committee passed over this order: right over the Seine, where the wagon soon stopped in front of the Palace of Justice.

More numerous, the policemen surrounded the unmoved ass. The Candidate was arrested at the gate of the Palace of Justice from which Deputies, swindlers and all the great thieves exit as free men.

The wagon lurched from the movements of the crowd. The agents, the brigadier in the lead, seized the shafts and put on the breast-harness. The Committee didn’t insist; they harnessed up the policemen.

It was thus that the white ass was released by his most fervent partisans. Like a vulgar politician, the animal went in the wrong direction. The police re-attached him, and Authority guided his route…From that moment on, Worthless was nothing but an official candidate. His friends no longer knew him. The Prefecture opened wide its doors, and the ass entered as if it were his home.

…If we speak about this today it’s to let the people know – the people of Paris and the countryside, workers, peasants, bourgeois, proud Citizens, dear lords – that the white ass Worthless has been elected. He has been elected in Paris. He has been elected in the provinces. Add up the blank and the voided ballots, add the abstentions, the voices and the silences that normally gather to signify disgust or contempt. Do some statistics, if you please, and you can easily verify that in all districts the monsieur who is fraudulently proclaimed deputy didn’t receive a quarter of the votes. From this flows the imbecilic locution “relative majority.” You might as well say that at night it’s relatively day.

And in this way the incoherent, brutal Universal Suffrage, which is based on number – and doesn’t even have that – will perish in ridicule. In speaking of the elections in France the gazettes of the entire world, without any malice, brought together the two most notable facts of the day:

“In the morning, around 9:00, M. Felix Faure went to vote. In the afternoon, at 3:00, the white ass was arrested.”

I read this in three hundred newspapers. I was encumbered with clippings from The Argus and the Courrier de la Presse . There were reports in English, Wallachian, Spanish… which I nevertheless understood.

Each time that I read Felix Faure, I was sure that they were speaking of the ass.

Editor’s note: During the electoral period the poster-program was really pasted up on the walls, and the day of the vote the satirical candidate really traversed Paris, from Montmartre to the Latin Quarter, cutting through the enthusiastic or scandalized crowd that loudly demonstrated. Boulevard du Palais, the ass was duly apprehended by the police, who set themselves to drag him to the pound. As the newspapers of the time reported, if there wasn’t a fight between the ass’s partisans and the representatives of order it’s thanks to the editor of La Feuille who cried out: “Don’t carry on; he’s now an official candidate.”

Zo D’Axa

—————————————————————————————————————————–

Ele é o Eleito

Zo D’Axa (1900)

Durante o período eleitoral o programa no cartaz foi realmente colado nas paredes, e no dia da votação o candidato satírico realmente atravessou Paris, de Montmartre ao Quarteirão Latino, passando através da multidão entusiasmada ou escandalizada que ruidosamente se manifestava. No Boulevard du Palais, o asno foi a seu próprio tempo apreendido pela polícia, que o arrastou a pauladas. Conforme os jornais da época reportaram, se não houve uma briga entre os partidários do asno e os representantes da ordem foi graças ao editor do La Feuille que gritou: “Não façam isso; ele é agora um candidato oficial!”

Ouçam a história edificante de um belo jumentinho branco, candidato na capital. Não é uma rima da Mamãe Gansa, [1] ou uma estória do Le Petit Journal. [2] É uma história verdadeira para os meninões que ainda votam:

Um burro, filho do país de LaFontaine e Rabelais, um asno tão branco que o senhor Vervoort glutonicamente quase o devorou, aspirante – no jogo eleitoral – a um cargo como legislador. O dia das eleições havia chegado para aquele burro, o tipo perfeito de candidato, respondendo pelo nome de Ninguém, colocou pra fora no último minuto uma estratégia.

Nesta quente manhã de domingo de maio, quando as pessoas partiam para as piscinas dos clubes, o burro branco, o candidato Ninguém, desfilava no carro triunfal, empurrado por seus eleitores, atravessando Paris, sua boa cidade.

Sobre seus cascos, orelhas ao vento, orgulhosamente emergindo de seu veículogaudilicamente decorado com cartazes eleitorais – um veículo em forma de urna – a cabeça altiva entre o copo de água e o sino presidencial, ele ultrapassou a raiva, os bravos e as zombarias.

O asno foi visto em uma Paris que o encarava.

Paris! A Paris que vota, a multidão, a soberania popular a cada quatro anos… o povo suficientemente tolo para acreditar que soberania consiste em nomear seus próprios mestres.

Como se estivessem parados em frente das prefeituras onde rebanhos de eleitores, os confusos, fetichistas que carregam pequenos cartões através dos quais dizem: Eu abro mão.

Senhor Qualquer-Um irá representá-los. Ele os representará a todos melhor é que nisso ele representa a nenhuma ideia. E tudo ficará bem. Nós faremos leis, nós equilibraremos o orçamento. As leis irão significar mais cadeiras; o orçamento significará novas taxas…

Lentamente o asno atravessava as ruas.

Ao longo do caminho as paredes haviam sido cobertas com cartazes por membros do seu comitê, enquanto outros distribuíam suas proclamações à multidão:

“Pense com cuidado, queridos cidadãos. Vocês sabem que seus representantes estão enganando vocês, tem enganado vocês, e ainda os enganarão – ainda assim vocês vão votar. Então votem em mim! Elejam o asno!… Eu não sou tão idiota quanto vocês.”

Esta franqueza – um pouco brutal – não era para o gosto de todos.

“Estamos sendo insultados,” alguém disse entre eles.

“O sufrágio universal está sendo ridicularizado,” outros mais acuradamente gritaram.

Alguém furiosamente brandiu seu punho para o asno e disse:

“Maldito Judeu!”

Mas uma gargalhada sonora se irrompeu. O candidato estava sendo aclamado. Corajosamente, os eleitores ridicularizavam a ambos, a eles próprios e a seus representantes eleitos. Chapéus eram arremessados, bengalas. Mulheres atiravam flores…

O burro passava.

Ele descia por Montmatre ao lado do Quarteirão Latino. Ele cruzou os grandes boulevards, a Croissant na qual sem sal, a coisa era cozinhada e as gazetas se punham a vender. Ele viu os arcos sob os quais os famintos – o Povo Soberano – fuçavam em pilhas de lixo; os portos, onde os eleitores escolhiam a parte de baixo dos piers para servirem-lhes casas…

O coração e a mente! Isso era Paris! Isso era democracia!

Somos todos irmãos, velhos vagabundos! Pobre do burguês! Ele tem a gota… ele é seu irmão, gente sem pão, homem sem trabalho, mãe desnuda que, esta noite, irá pra casa para morrer com seus pequeninos…

Somos todos irmãos, jovens recrutas! É seu irmão, o oficial lá embaixo, com sua garota de corpete e cabeça coberta com barras. A sua Saúde! consertem as baionetas! Em linha! O Código vos espera – o código militar. Doze balas em sua pele para cada aceno. É a taxa republicana.

O asno chegou em frente ao Senado.

Ele foi rolou ao longo do lado de todo o palácio, onde os guardas se acotovelavam para sair. Ele continuou do lado de fora (alas!) dos jardins verdes demais. Então ele alcançou oBoulevard Saint Michel. Dos terraços dos cafés as pessoas aplaudiam. A multidão, aumentando sem parar, agarrou cópias de suas proclamações. Estudantes se enganchavam no carro. um professor empurrava as rodas…

Então quando soaram as três horas, a polícia apareceu.

Desde às 10 da manhã, na delegacia, o telégrafo e o telefone assinalavam a estranha passagem destes subversivo animal. A ordem para levá-lo para dentro foi emitida: Prendam o burro! Agora os vigilantes da cidade bloqueavam a rota do candidato.

Perto da praça de Saint-Michel o fiel comitê de Ninguém foi evocado pelas forças armadas a levar o candidato até a delegacia mais próxima. Naturalmente, o comitê ignorou essa ordem: bem acima do Seine, onde o vagão logo parou em frente ao Palácio de Justiça.

Mais numerosos, os policiais cercaram o burro paralisado. O candidato foi preso no portão do Palácio de Justiça de onde deputados, golpistas e todos os grandes ladrões saíam como homens livres.

O carro guinou com a movimentação da massa. Os agentes, o brigadeiro na liderança, fechou a passagem e colocando seus homens como barreira. O comitê não insistiu; Eles foram barrados também por policiais.

Foi quando o burro branco foi libertado por seus mais ferventes partidários. Como um político qualquer, o animal foi na direção errada. A polícia renovou com ele seu compromisso, e as autoridades lhe guiaram o rumo… Daquele momento em diante, Ninguém era nada além de um candidato oficial. seus amigos não mais o conheciam. A prefeitura abriu suas portas, e o asno entrou como se aquela fosse sua casa.

…Se falarmos sobre isso hoje que faça o povo saber – o povo de Paris e do interior, trabalhadores, camponeses, burgueses, cidadãos orgulhosos, caros senhores – que o burro branco Ninguém foi eleito.

Ele foi eleito em Paris. Ele foi eleito nas províncias. Juntando os votos brancos e nulos, adicionando as abstenções, as vozes e os silêncios que normalmente se juntam para significarem desgosto ou desdem. Trace algumas estatísticas, se você preferir, e poderá facilmente verificar que em todos os distritos o senhor que fraudulentamente foi proclamado deputado não recebeu um quarto dos votos. Disso decorre a imbecílica locução “maioria relativa”. Você também pode bem dizer que a noite é relativamente dia.

E dessa forma o Sufrágio Universal, brutal e incoerente, que é baseado em números – e nunca teve sequer isso – vai perecer no ridículo. Em se falando de eleições na frança as gazetas de todo mundo, sem qualquer malícia, trouxeram juntas dois dos mais notáveis fatos deste dia:

“Na manhã, cerca de 9:00, O senhor Felix Faure [3] foi votar. Na parte da tarde, às 15:00, o burro branco foi preso.”

Li essa notícia em trezentos jornais. Recebeu cobertura de muitos periódicos, do Argus ao Entregador da Imprensa. Havia reportagens em inglês, wallaquiano e espanhol… às quais eu jamais compreendi.

Cada vez que eu lia Felix Faure, tinha a impressão de que estavam falando do asno.

Zo D’Axa

O texto abaixo é parte da revista La Feuille ; publicada em Paris, no ano de 1900.

Notas

[1] Esteriótipo de Mulher camponesa que inspirou a personagem fictícia, memorável contadora de estórias que tenta entreter seus muitos filhos para que não chorem nem briguem entre si.

[2] Jornal ilustrado publicado na capital francesa no final do século XIX, início do século XX que tinha como linha editorial apresentar curiosidades, fofocas sobre a vida das famílias reais da Europa e perseguir os anarquistas sempre que possível, defendendo políticas de repressão mais severas conforme a vontade das elites a qual ele pertencia.

[3] Félix François Faure (1841 – 1899) foi um político francês. grande xenófobo, pedante elitista e vergonhoso antissemita. Foi Presidente da França de 1895 até sua morte. (N. do T.)

————————————————————————————-[——————————————

Izabran je

Zo D’Axa (1900)

Dobri narode ovoga grada, Birači,

Poslušajte poučnu priču o jednom dražesnom bijelom magarčiću, kandidatu metropole. Ne radi se o bakinoj priči ni o pripovijetki iz dječjih novina. To je istinita priča za djecu odrasle dobi koja još izlaze na izbore:

Jedan magarčić, potomak zemlje La Fontainea i Rabelaisa, snivao je na izbornim igrama jedno zastupničko mjesto. Kad je stigao dan izbora navedeni je magarčić, zvan Nevaljan, tipični kandidat, povukao iznenađujući potez.

Jedne tople majske nedjelje, dok je narod hitao na biračka mjesta, bijeli je magarac, kandidat Nevaljan, posađen na trijumfalna kola koja su vukli birači, prošao kroz Pariz, njegov dobri grad.

Uspravan na kopitima s ušima koje su se vijorile na vjetru, uzdignut ponosno na vozilu, oblijepljenom njegovim plakatima — na vozilu u obliku glasačke kutije! visokog čela između čaše vode i predsjedničkoga zvonca, prošao je kroz negodovanja, odobravanja, i šale…

Magarac je vidio Pariz koji ga je promatrao.

Pariz! Pariz koji glasa, masu, suvereni narod svake četiri godine… Narod koji je toliko blesav da vjeruje kako suverenost znači izabirati gospodare.

Kao parkirani pred vijećnicama stajala su stada birača, zatupljeni, fetišisti s izbornim listićem u ruci s kojim su govorili: abdiciram.

Gospodin Nepoznati će ih zastupati. Zastupat će ih utoliko bolje ukoliko ne zastupa nijednu ideju. I uspjet će! Donosit ćemo zakone, usklađivat ćemo proračune. Zakoni će biti dodatni lanci; proračuni novi porezi..

Polako, Magarac je prolazio gradom.

Duž puta zidovi su bili pokriveni plakatima koje je lijepio njegov izborni stožer, dok su drugi dijelili njegov proglas masama:

„Razmislite, dragi sugrađani. Vi znate da vas vaši izabrani varaju, da su vas varali i da će vas varati — i usprkos svemu vi izlazite na izbore… Glasajte dakle za mene! Izaberite Magarca!… Nisam veći magarac od vas.”

Ova se iskrenost, pomalo gruba, nije baš svima dopala:

– Vrijeđaju nas, urlikali su neki.

– Ismijavaju opće pravo glasa, vikali su preciznije drugi.

Netko je ljutito zamahivao šakom prema magarcu, derući se:

– Prljavi Židove!

No, glasnije je odjekivao smijeh. Klicalo se kandidatu. Birači su hrabro ismijavali sebe i svoje izabrane. Mahali su šeširima, štapovima. Žene su bacale cvijeće…

Magarac je prolazio.

Sišao je s Montmartrea prema Latinskoj četvrti. Prošao je kroz Grands Boulevards, kroz Croissant gdje se, neslano, pripremaju splačine koje prodaju novine. Vidio je Halles [1]gdje gladnici, pripadnici Suverenog Naroda, kopaju po otpacima; vidio je Quais [2] gdje Birači izabiru mostove za konak…

Srce i um!… To je bio Pariz. To je bila Demokracija!

Svi smo braća, stare skitnice! Suosjećajte s buržoazijom! pati od gihta… i oni su vaša braća, narode bez kruha, nezaposleni muškarče i umorna majko koji ćete večeras ući u vaš dom da bi umrli uz djecu…

Svi smo braća, mladiću unovačeni! On je tvoj brat, onaj oficir tamo dolje, s djevojačkim korzetom i odlikovanjima na prsima. Pozdravi! Poredaj! U stroj! Kodeks te motri — Vojni kodeks. Dvanaest metaka u tijelo zbog jednog gesta. [3] To je cjenik Republike.

Magarac je stigao pred parlament.

Prošao je uzduž Palače, gdje su se straže uznemirile; nastavio je vanjskom stranom uzduž, nažalost!, prezelenih vrtova. Zatim je stigao do bulevara Saint-Michel. Na terasama kafea mladost je pljeskala. Gomila, u sve većem broju, otimala se za proglase. Nekoliko se studenata ujarmilo u kola, jedan je profesor gurao kotače…

Kad su odzvonila tri sata stigla je policija.

Od deset ujutro, od pošte do policije telegraf i telefon dojavljivali su čudan prolaz subverzivne životinje. Izdan je nalog za privođenje: Uhitite Magarca! I odmah su čuvari reda prepriječili put kandidatu.

Kraj trga Saint-Michel, vjernom stožeru Nevaljanog oružane su snage zaprijetile da moraju odvesti svog klijenta na obližnju policijsku stanicu. Naravno, Stožer je nastavio dalje — dalje preko Seine. I ubrzo su se kola našla pred Palačom pravde.

U sve većem broju redarstvenici su opkolili Bijelog magarca, hladnokrvnog. Kandidata su zaustavili pred vratima Palače pravde, iz koje zastupnici, korumpirani, svi veliki lopovi izlaze slobodni.

Vozilo se ljuljalo u moru mase. Policajci, s brigadirom na čelu, uhvatili su rudo, dok su drugi držali ormu. Stožer nije više insistirao: redarstvenici su se upregnuli…

I tako su najgorljivije pristaše napustile bijelog magarca. Kao najobičniji političar životinja je promijenila zastavu. Policija ga je pratila, Autoritet je vodio njegov put… Od tog trenutka Nevaljan je bio samo službeni kandidat! Njegovi prijatelji ga nisu više prepoznavali. Policijska postaja je širom otvorila vrata — i magarac je ušao kao u svoj dom.

… Danas prepričavamo ovaj događaj kako bi obznanili narodu, u Parizu i okolici, radnicima, seljacima, buržoaziji, ponosnim Građanima, dragoj Gospodi, kako bi svima obznanili da je bijeli magarac Nevaljan izabran. Izabran je u Parizu. Izabran je i u drugim okruzima. Dodajte bijele listiće, izbrojite nevaljane listiće, pridružite im sve one koji nisu glasali, sve glasove i tišine koji se obično ujedinjuju kako bi iskazali gnušanje ili prezir. Napravite statistiku, molim vas, i brzo ćete zamjetiti da gospodin koji je prijevarno proglašen zastupnikom nema čak ni četvrtinu glasova. Iz čega proizlazi blesavi izraz: „Relativna većina” — na taj način možemo i reći da je noću relativno dan.

Zato će nesuvislo, surovo Opće Pravo Glasa, koje je zasnovano na brojevima — a nema ih ni za sebe — izginuti u ruglu. Govoreći o izborima u Francuskoj, sva svjetska štampa je, bez ikakve zlobe, povezala dva najvažnija dnevna događaja:

„Odmah ujutro, oko devet sati, gospodin Félix Faure je krenuo na glasanje. U popodnevnim satima, oko tri, Bijeli je magarac uhićen.” [4]

Ovu sam epizodu pročitao u oko tristotinjak listova. Argus i Courrier de la Presse su me zasuli isječcima. Bilo ih je na engleskom, na vlaškom, na španjolskom; a ipak sam ih sve razumio. — Svaki put kas sam pročitao Felix bio sam siguran da spominju magarca.

Zo d’Axa

„Il est élu”, La Feuille, 12, 1898

Notes

[1] Halles: glavna pariška tržnica, nazvana i „trbuh Pariza” (Zolina novela Ventre de Paris).

[2] Quais: obale rijeke Seine.

[3] Radi se o vojniku Charles Hatieru koji je u Alžiru osuđen na streljanje zato što je gurnuo starješinu, o čemu je Zo d’Axa pisao u istom listu 1897, broj 4.

[4] Félix Faure, predsjednik Francuske od 1895. do 1899.