España. Escrito de Francisco y Monica: “FRENTE A LA REPRESIÓN… NO TODO VALE” (es/fr)

10157270_1466129120285002_272497027_n

solidaridadylucha@riseup.net

FRENTE A LA REPRESIÓN… NO TODO VALE

El Estado recurre a diversas estrategias para eliminar a sus enemigxs e incluso a quienes alcen la voz para cuestionar el orden imperante.
Intenta cortar de raíz cualquier iniciativa rebelde; para este propósito cuenta con un eficiente aparato judicial el cual posee un amplio abanico punitivo que va desde acusaciones leves, que por lo general terminan en multas o penas remitidas, a la utilización de instrumentos duros entre los que el comodín de la Ley Antiterrorista es una carta que pierde novedad y se hace frecuente en el tablero de juego. Para lxs que hemos asumido la cárcel como una posibilidad dentro de la lucha contra la dominación, vemos el actual contexto político proclive para que esta posibilidad sea más cercana para muchxs más, varixs son lxs que no saben si mañana estarán durmiendo en una celda y para quienes ya estamos dentro, por cuanto tiempo más estaremos en ellas.

La situación por momentos se torna confusa al encontrarnos frente a una maquinaria avasalladora movida por sus paranoias y alucinaciones que, en definitiva, constituye una de sus tantas maneras de ejercer el dominio. La rapidez con que se han sucedido los diferentes golpes represivos alimenta esta confusión, más aún al ser las acusaciones sumamente “imaginativas” acompañado todo por la espectacularidad otorgada por los medios de comunicación del Poder. Quienes ejercen y sustentan la dominación jamás entenderán nuestras formas antiautoritarias, por lo que
intentan amoldarnos a sus lógicas.

Como se ha podido ver, son heterogéneos los colectivos, espacios e individualidades golpeadas por la represión, los cuales presentan distancias y cercanías a la hora de entender el Estado y su función, y a su vez el cómo se enfrentan los embates del Poder, la prisión y de qué forma y con quienes establecer alianzas. Ante esto se dice que es preferible superar lo que nos distancia dándole prioridad a nuestros elementos comunes con el propósito de hacer frente a los golpes del Poder de manera eficaz, planteamiento que a todas luces privilegia la cuestión numérica antes que la determinación y voluntad, aspectos fundamentales para nosotrxs. Somos conscientes de la importancia de establecer alianzas, el asunto es con quién. La Historia ha dejado en claro las consecuencias nefastas que han significado para lxs anarquistas alianzas con grupos autoritarios y/o a favor de la política institucional, los que siempre se inclinarán por el Poder aplastando finalmente cualquier iniciativa libertaria. ¿Es que debemos agachar la cabeza y dejar pasar aspectos que para nosotrxs son indispensables? De ninguna manera.

El ceder en aspectos éticos importantes ha dado como resultado, entre muchas cosas, el ir cada vez más a remolque de movimientos izquierdistas, ciudadanos y demócratas con lo que nada tenemos que ver, ellos sostienen el Poder que nosotrxs intentamos eliminar de nuestras vidas. La confrontación es inevitable, es necesaria para el crecimiento político. ¿De qué forma nos diferenciamos de quienes defienden y refuerzan el actual sistema imperante? Con nuestros actos y su coherencia.

Ahora bien, si como anarquistas vemos inviable cualquier alianza o proyecto común con grupos o personas ligadas a la institucionalidad, de la misma manera pensamos que es imposible generar vínculos con quienes optan por estrategias para hacer frente a la represión que no compartimos en absoluto, ni deseamos avalar por ningún medio. En los periodos marcados por la represión, detenciones y cárcel, nuestras convicciones y su coherencia entran en juego, se tensionan de forma
inevitable, pero no todo vale a la hora de evitar entrar en prisión e incluso salir de ella. Creemos que hay opciones que quiebran nuestra dignidad y en definitiva sepulta lo que somos y las ideas que defendemos. La petición de indulto representa una de esas opciones.

Como presxs anarquistas manifestamos que no somos ni seremos parte de movilizaciones o manifestaciones antirrepresivas con quienes opten por seguir la estrategia del indulto (sea o no parcial). No queremos caminar junto a ellxs por la mencionada diferencia insalvable, no queremos ser cómplices por omisión de una estrategia que para nosotrxs representa un punto de inflexión determinante. Y si finalmente las consecuencias de nuestras convicciones nos llevan a que encierren nuestros cuerpos por más años, lo seguiremos llevando con la cabeza alta y con la dignidad por delante.

Del Estado no queremos su perdón, sólo deseamos su destrucción.

Mónica Caballero y Francisco Solar
Junio de 2015
C.P. Villabona

——————————————————————————————————————————————————–

Lettre de prison de Mónica et Francisco : Face à la répression… tout n’est pas valable

L’Etat a recours à différentes stratégies pour éliminer ses ennemis, y compris celles et ceux qui élèvent la voix pour remettre en question l’ordre établi. Il tente de couper à la racine toute initiative rebelle et compte pour ce faire sur un appareil judiciaire efficace disposant d’un large éventail punitif : celui-ci va des accusations légères qui en général se soldent par des amendes ou des peines avec sursis, à l’utilisation de durs instruments parmi lesquels le joker de la Loi antiterroriste perd en nouveauté, cette carte revenant fréquemment sur le tapis. Ayant assumé la prison comme une éventualité dans la lutte contre la domination, nous voyons le contexte actuel comme propice à ce que cette éventualité se rapproche pour de plus en plus de personnes. Nombreuses sont celles qui ne savent pas si elles dormiront demain en cellule et celles qui, comme nous, ignorent pour combien de temps elles y resteront. Lorsqu’on se retrouve face à une machine d’asservissement mue par leurs paranoïas et hallucinations, qui constitue en définitive une des multiples manières d’exercer la domination, la situation devient parfois confuse.

 

La rapidité avec laquelle les coups répressifs se sont succédé alimente cette confusion, plus encore lorsque les accusations sont extrêmement « imaginatives », le tout accompagné par le côté spectaculaire des médias du Pouvoir. Ceux qui exercent et soutiennent la domination ne comprendront jamais nos formes anti-autoritaires et tentent donc de nous mettre dans le moule de leurs logiques.

 

Comme on a pu le voir, les collectifs, espaces et individualités touchés par la répression sont hétérogènes. Ils présentent des proximités et des différences à l’heure de comprendre l’Etat et sa fonction, ainsi que dans la manière d’affronter les assauts du Pouvoir, la prison et de voir avec qui établir des “alliances”. Face à cela, on entend souvent qu’il est préférable de dépasser ce qui nous sépare et de donner la priorité aux points communs, afin d’affronter avec efficacité les coups du Pouvoir, position qui privilégie de toute évidence l’aspect quantitatif plutôt que la détermination et la volonté, aspects pour nous fondamentaux. Nous sommes conscient-es de l’importance de s’allier, mais la question est avec qui. L’Histoire a démontré clairement les conséquences néfastes qu’ont signifiées pour les anarchistes des alliances avec des groupes autoritaires et/ou en faveur de la politique institutionnelle, ceux qui pencheront toujours du côté du Pouvoir finissant par écraser toute initiative libertaire. Devrions-nous baisser la tête et abandonner des aspects pour nous indispensables ? En aucun cas.

 

Le fait de céder sur des aspects éthiques importants a notamment eu pour conséquence d’aller toujours plus à la remorque de mouvements gauchistes, citoyens et démocrates avec lesquels nous n’avons rien à voir ; ils soutiennent le Pouvoir tandis que nous essayons de l’éliminer de nos vies. La confrontation est inévitable, elle est nécessaire pour grandir politiquement. En quoi nous différencions-nous de ceux qui défendent et renforcent le système en place ? Par nos actes et leur cohérence.

 

Ceci étant dit, si en tant qu’anarchistes nous considérons impraticable toute alliance ou projet commun avec des groupes ou des personnes liés aux institutions, nous pensons de la même manière qu’il est impossible de créer des liens avec celles et ceux qui, face à la répression, optent pour des stratégies que nous ne partageons absolument pas, et que nous ne souhaitons cautionner en aucune manière. Dans une période marquée par la répression, les arrestations et la prison, nos convictions et leur cohérence sont en jeu et sont inévitablement en tension, mais tout n’est pas valable pour éviter d’aller en taule, ni même pour en sortir. Nous pensons que certaines options brisent notre dignité et enterrent en définitive ce que nous sommes et les idées que nous défendons. La demande de grâce est une de ces options [1].

 

En tant que prisonnier-e-s anarchistes, nous affirmons que nous ne participons et ne participerons pas à des mobilisations ou manifestations antirépressives avec ceux qui décident de suivre la stratégie de la grâce (partielle ou pas). Nous ne voulons pas être à leurs côtés de par la divergence insurmontable que nous avons mentionnée, nous ne voulons pas être complices par omission d’une stratégie qui représente pour nous un point d’inflexion déterminant. Et si finalement les conséquences de nos convictions conduisent à ce qu’ils enferment nos corps pendant plus d’années, nous poursuivrons de l’avant la tête haute et avec dignité.

 

Nous ne voulons pas le pardon de l’Etat, nous ne désirons que sa destruction.

Mónica Caballero et Francisco Solar
Juin 2015,
Centre Pénitentiaire de Villabona.

[Traduit d’Indymedia Barcelone par Brèves du désordre, 19 jun 2015.]

P.-S.

Pour écrire à Mónica et Francisco :

Mónica Caballero Sepúlveda
C.P. Villabona
Finca Tabladiello s/n
33422 Villabona-Llanera
(Asturias)

Francisco Solar Domínguez
C.P. Villabona
Finca Tabladiello s/n
33422 Villabona-Llanera
(Asturias)

Notes

[1Huit des dix-neuf personnes accusées d’”association illicite contre les institutions” suite au blocage du Parlement de Catalogne en juin 2011 par le mouvement des Indignés, ont été condamnées à 3 ans de prison ferme. Alors que l’Audiencia Nacional les avait acquittées en juillet 2014, le Tribunal Suprême a annulé ce verdict en mars 2015 suite à un recours du procureur, prononçant une peine de trois ans de prison contre huit d’entre elles, applicable à partir de mai. Ces dernières ont immédiatement effectué une demande de grâce partielle auprès du Ministère de la Justice. Le 18 juin 2015, l’Audiencia Nacional a décidé de suspendre leur entrée en prison jusqu’au résultat de l’examen de cette demande.
Mais qu’on ne pense pas que ce dangereux précédent de demander une grâce à l’Etat [indulto] pour éviter la prison ou réduire sa peine soit le seul fait des Indignés. L’an dernier, l’anarchiste Tamara Hernández Heras, condamnée à huit ans de prison en septembre 2011 pour “tentative d’homicide” contre l’ex-responsable de l’administration pénitentiaire de Catalogne, suite à l’envoi en octobre 2009 d’un colis piégé (désactivé avant explosion) à son domicile professionnel, avait demandé une grâce (suspensive) au Pouvoir dès sa condamnation.
Le 15 mars 2014, son nom figurait ainsi au Bulletin Officiel de l’Etat espagnol parmi la douzaine de grâces proposées par le Conseil des Ministres et accordées par le Roi Juan Carlos, réduisant sa peine de huit à deux ans de prison et lui permettant de sortir quatre mois après son entrée en taule. Le conseil des ministres l’a justifiée au nom du fait qu’entre le moment de l’attaque (2009) et aujourd’hui (2014), elle a démontré sa “bonne réinsertion dans la société”, qu’elle mène désormais une “vie personnelle, familiale [elle a fait un môme entre-temps] et de travail complètement normalisée”, qu’elle “ne fait plus partie de la Cruz Negra Anarquista” et de son absence d’antécédents pénaux. En outre, le procureur d’Etat avait appuyé sa demande de grâce et, condition nécessaire pour obtenir le pardon du Roi, la “victime”, le bourreau-en-chef ex-responsable de l’Administration pénitentiaire Albert Batlle Bastardas, ne s’y était pas opposé…