Terra bruciata (2012) it/fr

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L’aria che respiriamo diventa ogni giorno più polverosa. L’intera città sembra essere in corso di ristrutturazione. Le gru si drizzano sopra le nostre teste, grandi opere vengono avviate, vecchi edifici sono trasformati in loft. Il volto di Bruxelles sta per cambiare, il potere ha deciso così. Parlano di progresso, di maggiore durata, di miglioramenti, di sicurezza. Tutte parole che vogliono dire la stessa cosa: ordine, ordine e ancora ordine.

Ogni progetto di rinnovamento, ogni nuova costruzione, ogni cantiere rivela l’antico sogno dei potenti: trasformare l’ambiente per trasformare gli individui. Per loro, un prigioniero messo in una gabbia dorata non si ribellerà così in fretta di quando si trova rinchiuso in una lurida cella. Per noi anarchici, la questione non è mai stata il colore e la dimensione delle gabbie, ma la loro stessa esistenza. È per questo che scorgiamo dietro qualsiasi progetto di riammodernamento dei quartieri la volontà dei direttori carcerari che governano questo mondo.

Alcuni progetti sono in qualche modo più facili da smascherare di altri. I loft e le “abitazioni ecologiche” che vengono costruiti attualmente lungo il canale non sono altro che un muro attorno ad un quartiere meno controllabile come Molenbeek. E le torri in costruzione all’ingresso di Cureghem, accanto alla stazione del Midi, nient’altro che torrette di guardia, fortezze che marcano la separazione tra il centro cittadino (che si vorrebbe ricco, accogliente, rispettoso dell’ordine) e il quartiere di Anderlecht (povero, diffidente e ostile all’ordine).
D’altra parte, ci sono ad esempio tutti quei famosi “contratti di quartiere”, quei miscugli urbanistici basati su misure sedicenti sociali e repressive. Vi si parla sia di mettere (o di levare) qualche panchina e di aprire un asilo nido che della costruzione di un commissariato nelle vicinanze, di un’antenna di vigilanza, della ristrutturazione di edifici per richiamare i ceti più agiati della popolazione, dell’installazione di telecamere. Non a caso il potere si diletta a mescolare aspetti cosiddetti sociali e aspetti repressivi. Secondo noi, non si tratta di rifiutare una parte per accettarne un’altra: è l’insieme di quei piani che deve essere combattuto.
Le avete già viste — tutte quelle brave persone, quei gentili artisti-architetti coi loro computer portatili, quegli accademici creativi che pretendono di rendere il quartiere “più accogliente”! Li vediamo piazzarsi all’angolo delle strade in confortevoli uffici dall’aria abbastanza alternativa; dietro ai loro computer disegnano i piani della città futura. Parlano di “trasformare la città”, ma in effetti la loro missione è quella di “trasformare gli abitanti”. Danno man forte al potere. Mentre qualcuno predispone sempre più sbirri, uniformi e videocamere, loro giocano la carta dell’oppressione morbida. Il loro obiettivo è esattamente lo stesso e la gentilezza da parte nostra non farà loro cambiare parere.
Il lato malefico di tutto ciò è che ogni timida critica, ogni ulteriore residuo di apertura al “dialogo” con tutti questi disegnatori di piani, con questi sviluppatori di progetti, con questi tizi col paniere colmo di biodemocrazia-raccolta differenziata locale-animazione di quartiere, verranno incorporati negli stessi loro progetti. Finché continuiamo ad essere disponibili a discutere col potere, questo potrà sempre concederci un posticino da qualche parte conservando il suo sogno repressivo. Ci inviterà a partecipare alla nostra stessa oppressione, al nostro stesso asservimento. La democrazia urbanistica non è mai stata altro che la possibilità di decidere il colore della propria gabbia.
Dobbiamo prendere una decisione. O continuiamo ad accettare che il potere disegni i contorni delle nostre vite, erigendo quegli edifici, scavando i suoi tunnel, imponendo i suoi sbirri, inviando il suo esercito di architetti alternativi ed ambientalisti. O decidiamo di lottare, non per salvaguardare qualcosa, tanto meno per “difenderci”, ma per mettere i bastoni fra le ruote del potere. E per far questo, non c’è bisogno di grosse dimostrazioni di forza. Una tanica di benzina e qualche fiammifero possono bastare.
[trad. da Hors Service n. 31, 26/12/12]
http://www.finimondo.org/node/1074

Terre brulée

L’air que l’on respire devient chaque jour plus poussiéreux. La ville entière semble être en chantier. Des grues s’élèvent au-dessus de nos têtes, de grandes constructions sont entamées, de vieilles bâtisses sont transformées en lofts. Le visage de Bruxelles va changer, le pouvoir en a décidé ainsi. Ils parlent de progrès, de durabilité, d’améliorations, de sécurité. Des mots qui, tous, veulent dire la même chose : de l’ordre, de l’ordre et encore de l’ordre.
Tout projet de rénovation, toute nouvelle construction, tout chantier respire l’ancien rêve des puissants : transformer l’environnement pour transformer les êtres. Selon eux, un prisonnier enfermé dans une cage dorée ne se rebellera pas aussi vite que lorsque il se retrouve dans un cachot sale. Pour nous autres anarchistes, la question n’a jamais été la couleur et la dimension des cages, mais leur existence même. C’est pour cela que nous percevons derrière tout projet de réaménagement des quartiers la volonté des directeurs de prisons qui gouvernent ce monde.
Certains projets sont quelque part plus faciles à démasquer que d’autres. Les lofts et les « habitations écologiques » qu’ils construisent actuellement le long du canal ne sont rien d’autre qu’un mur autour d’une zone molenbeekoise moins contrôlable. Et les tours en construction à l’entrée de Cureghem, à côté de la gare du Midi, rien d’autre que les miradors, les forteresses qui marquent la séparation entre le centre-ville (qu’on voudrait riche, accueillant, respectueux de l’ordre) et le quartier anderlechtois (qu’on sait pauvre, méfiant et hostile à l’ordre).
D’autre part, il y a par exemple tout ces fameux « contrats de quartier », ces mélanges urbanistiques entre des mesures soi-disant sociales et la répression. On y parle aussi bien d’installer (ou d’enlever) quelques bancs et d’ouvrir une crèche que de l’installation d’un commissariat de proximité, d’une antenne de vigilance, de rénovation de bâtiments pour faire venir les couches plus aisées de la population, d’installation de caméras. Ce n’est pas un hasard que le pouvoir y mélange volontiers des aspects soi-disant sociaux et répressifs. Selon nous, il ne s’agit pas de rejeter une partie pour en accepter une autre : l’entièreté de ces plans doit être combattue.
Vous les avez déjà vu – tous ces gens bienveillants, ces gentils artistes-architectes avec leurs ordinateurs portables, ces créatifs académiciens qui prétendent rendre le quartier « plus agréable » ! On les voit s’installer au coin de la rue dans des bureaux bien confortables à l’air quelque peu alternatif ; de derrière leurs ordinateurs ils dessinent les plans de la ville future. Ils parlent de « transformer la ville », mais en effet, leur mission c’est de « transformer les habitants ». Ils prêtent main forte au pouvoir. Si le dernier envoie toujours plus de flics, d’uniformes et des caméras, eux, jouent la carte douce de l’oppression. Leur but est exactement le même et la gentillesse de notre part ne leur fera pas changer d’avis.
Le côté perfide de tout cela, c’est que toute critique timide, tout reste d’ouverture encore au « dialogue » avec tous ces dessinateurs de plans, ces développeurs de projets, ces types au panier bio-démocratie locale-tri sélectif-animation de quartier, sera incorporé aux projets mêmes. Tant qu’on est disposé à en discuter avec le pouvoir, il réussira toujours à nous donner une petite place quelque part tout en maintenant son rêve répressif. Il nous invitera à participer à notre propre oppression, à notre propre asservissement. La démocratie urbanistique n’a jamais été autre chose que la possibilité de décider la couleur de sa cage.
Il faut donc se décider. Soit on continue à accepter que le pouvoir dessine les contours de nos vies, érigeant ces bâtiments, creusant ses tunnels, imposant ses sbires, envoyant son armée d’architectes alternatifs et écologiques. Soit on décide de se battre, non pas pour sauvegarder quoi que ce soit, ni même pour « nous défendre », mais pour mettre des bâtons dans les roues du pouvoir. Et pour cela, pas besoin de grands tours de force. Un bidon d’essence et quelques allumettes suffiront.
[Hors Service n. 31, 26/12/12]