Ça fait 6 mois que nous avons ouvert un squat de meufs à Bruxelles, un ancien salon de coiffure dont nous avons relancé l’activité quelques dimanches par mois.
Durant ces permanences coiffures des gens du quartier, des punks queer, des anarcha-féministes, des personnes “sans-papiers”, des enfants, des militant.e.s,… se croisent, se rencontrent autour d’une permanente, d’une décoloration ou d’une coupe destroy.
La sale coiff’ est un espace autogéré qui accueille également divers ateliers, activités et évènements. Nous sommes un lieu d’accueil pour les femmes et personnes trans ayant vécu des violences et souhaitant se réfugier pendant un temps dans une maison “safe”.
Nous voulons aujourd’hui partager notre situation avec vous.
Cette maison tombait en ruine, elle était vide depuis près de 10 ans. Les voisins ont souffert du délabrement de ce bâtiment, des champignons type mérule qui se propageaient dans leurs murs, des arbres aux branches trop longues venaient menacer leurs fenêtres. Ils étaient donc heureux, ces voisins, de voir débarquer une bande de meufs, pleine d’energie et bien determinées à donner une nouvelle vie à la maison.
Nous nous sommes installées et lancées dans un chantier collectif et autogéré. On n’a demandé l’autorisation à personne, parce qu’il y a trop de maisons innoccupées, et trop de gens à la rue. Parce qu’on se demande qui cela peut déranger que nous soyons là ?
Beaucoup de personnes nous ont aidées, par simple altruisme. Nous avons colmaté les fuites, élagué les arbres, remplacé les fenêtres cassées, plafonné les murs, isolé le grenier, réparé les évacuations, repeint aux couleurs de nos goûts,…
Nous avons vécu dans la poussière pendant deux mois, avec joie et intensité. Qu’est ce que cela faisait du bien de trouver un chez-soi, d’en prendre soin, de créer notre propre équilibre loin des promoteurs immobiliers, des propriétaires et du marché !
Depuis lors il est question que nous passions devant un juge de paix pour une “conciliation” qui determinera combien de temps nous pourrons rester, car l’avocate qui administre les biens de notre propriétaire veut vendre la maison.
Ce qui est choquant c’est que cette avocate, lorsqu’elle est venue à notre rencontre, était accompagnée d’une femme qui dans un premier temps refusait de se présenter. Celle-ci nous a ensuite recontactées pour nous expliquer qu’elle était promotrice immobilière, qu’elle avait fait mettre notre propriétaire (déterminé sennil) sous tutelle, et ce par soi-disant altruisme, pour ensuite s’arranger avec l’avocate en charge des biens et racheter pour une bouchée de pain la maison.
Sans aucun scrupule elle nous dit mot pour mot : “Je suis interessée par les squatteurs, vous pouvez travailler pour moi. Vous cherchez des maisons vides, même en ruine, et je vous paye 1000 à 3000 euros l’adresse. Ensuite moi j’achète la maison pour une modique somme, j’ai un super entrepreneur qui engage 30 roumains, ça ne me coûte rien. Et ensuite je revends ou loue les biens. Si vous voulez qu’on s’arrange ensemble c’est possible”.
Voilà quelle est la face immonde du marché de l’immobilier. Pour rappel à Bruxelles il y a plus de 15.000 logements vides pour 5.000 SDF. La repression se renforce d’année en année. Les personnes vivant en situation précaires sont criminalisées, les squateu.r.ses sont traité.e.s comme des criminelles. On nous expulse en argumentant par des mensonges et nous subissons les violences policières qui s’exercent en toute impunité. Et pendant ce temps des bourgeois.es, comme cette promotrice immobilière, s’engraissent le cul sur notre précarité, sans aucun soucis éthique. Personne ne la punira celle-là, personne ne viendra la réveiller aux aurores pour la chasser de chez-elle, personne ne la brutalisera ou stigmatisera. Elle s’endort tous les soir sur ses deux oreilles dans son pyjama Chanel, contente et certaine qu’elle oeuvre pour le bien de notre société. Et si nous allions crier sous ses fenêtres pour l’empêcher de dormir ?
Suite à la manifestation sauvage de ce 21 mars à Bruxelles pour le droit au logement pour tou.te.s, nous joignons nos forces à ce nouvel élan qui tend à fédérer les différents squats, les personnes à la rue ou vivant dans des logements précaires, les lieux alternatifs et militants. Il est temps à Bruxelles de représenter un contre-pouvoir plus puissant face au marché de l’immobilier qui nous gangrène. Si à chaque expulsion nous sommes des centaines à faire pression sur les propriétaires, les institutions sociales et les forces policières, ils ne pourront plus agir en toute impunité !
Vive les squats ! Vive la révolution !
Les sales squatteuses
Pour contacter la sale coiff’ : lasalecoiff@mailoo.org
Pour se fédérer : occuponsbxl@riseup.net
https://bxl.indymedia.org/spip.php?article10442&lang=fr