MONEY HONEY ! Os Cangaceiros

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Après avoir restreint en avril 84 les dérisoires
allocations-chômage le gouvernement, en collaboration
avec les salopes syndicales, lance une
nouvelle offensive contre la jeunesse.
Tout est fait de l’ANPE aux tribunaux pour
nous empêcher de prendre notre dû : l’argent
que l’État nous DOIT pour notre jeunesse gâchée,
au travail, par les divers contrôles de
la vie quotidienne [1] ; de l’ANPE à la prison en
passant par les flics, tout est fait pour nous
obliger à survivre au MINIMUM.

L’on parle maintenant de ne plus verser l’aumône
de 40F/jour à ceux qui refuseraient trois
offres d’emploi « d’utilité sociale » (élagage
de forêts, tâches de nettoyage, aide aux
vieillards). Ces miettes, il faudrait en plus
les mériter au prix d’une soumission accrue.

Déjà, pour être embauché ou ne pas être viré,
la motivation du travailleur prime sur le
reste. Le pouvoir mondial impose aux pauvres
la participation active et joyeuse dans l’entreprise,
sinon il leur coupe les vivres.

L’opération de prévention de la délinquance,
qui se traduit par des plus grands pouvoirs
policiers et une répression accrue, va être
maintenant étendue de façon autoritaire aux
plus pauvres d’entre nous par le biais de
l’ANPE sur le modèle des plans anti-été chaud :
encadrement+flicage.

Vous avez raison de craindre notre désoeuvrement
car il travaille à votre perte [2].
Mais attention, employés-flics, tant va à la
cruche l’eau qu’à la fin elle se casse ; tant
on prend les boules qu’à la fin on casse [3].

Le sort des chômeurs devient de plus en plus
visiblement identique à celui des condamnés :
prison ou travail forcé [4].
Fermer notre gueule et filer doux dans des conditions de plus
en plus répressives.

La guerre mondiale est déclarée ouvertement contre l’armée de
réserve des pauvres : les kapos sociaux ne suffisent plus,
l’armée elle-même participe à notre OCCUPATION (année postscolaire,
camps de pauvres, etc.).

Inquiétez-vous, salopes modernistes et humanistes, on ne vous
oublie pas. Vous voulez nous imposer le minimum vital, on
saura se servir un max et se venger largement.

Des pauvres,
Decembre 84.

[Tract diffusé au Havre et à Rouen dans les ANPE ainsi qu’en banlieue.]

Extrait de  Os Cangaceiros  

N°1, Janvier 1985.

 

Notes
[1] Ainsi les jeunes
filles des foyers havrais
sont ramassées
chez elles par les
éducateurs chaque
matin pour être
conduites à l’ANPE
puis devant les employeurs
éventuels.
D’autre part, outre
les contrôles périodiques,
le chômeur
doit subir les réunions
d’informations
collectives et on teste
sa motivation en l’engageant
à se soumettre
aux trois jours
d’apprentissage de
ce nouveau métier.

 

[2] « Il faut remplacer
les perspectives de
l’emploi par une activité
réelle » dixit au
ministère du travail.

 

[3] En mars 84 Jean
M. chômeur de 49
ans a saccagé les Assedic
de Rennes qui
lui refusaient de l’argent
: plusieurs millions
de dégâts.
BRAVO ! ! !

 

[4] Quand les peines
lourdes avec ou sans
sursis ne suffisent
plus, le travail de
substitution vous renvoie
aux galères. J.
M. en sait quelque
chose