Par Albert Libertad (mai 1907)
De tous côtés, on sent comme un vague roulis, précurseur de tempête.
Dans l’air lourd, un poison subtil flotte. A droite, à gauche on le sent peu à peu vous posséder. Il entre en vous par tous les pores.
Ce poison terrible est innommé et innommable et c’est peut-être de là que vient sa puissance.
C’est la lassitude, le dégoût de la vie ; c’est le désir d’être enfin en dehors des mille turpitudes, des milles souffrances qu’elle apporte.
On ne sait quelle nausée monte au cœur en face de la société, on veut lutter, mais en vain, et lentement, lentement, on descend vers la mort.
Et c’est là une grève plus terrible que toutes les grèves : c’est la grève des vivants.
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